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Résumé: En ce temps là mes histoires d’amour finissaient dans un Sopalin. J’écoutais pousser ma moustache avec mon pote Denis sur un trottoir devant le rade de la rue Mazarin matant des frangines une paille dans la bouche, un diabolo menthe à l’autre bout. Le reste du temps Denis bloquait sur la page centrale du Play Boy de son grand frère. On se disait « il va falloir y aller ». Quant à moi j’avais eu un coup de chaud le jour d’avant. Une jeune femme avait surgi d’une porte cochère, s’était collée à moi en chuchotant un truc sale. Elle m’avait pris pour un homme. J’ignorais tout du quartier et pour moi les femmes étaient des sœurs ou des mères. De l’amour je ne savais que ce que m’en contait Angélique, marquise des anges dans le « Nous deux » de maman. S’il fallait la balafre de Robert Hossein, un château et une chevauchée à deux sur un bourrin pour en croquer une, c’était pas gagné. C’est mon pote Denis qui m’a affranchi. Dans le Bordeaux historique, on pouvait! En payant! Pas vraiment romantique mais «ça » urgeait. Après cette intrusion violente de la féminité dans ma bulle, j’étais trempé comme un rideau de douche sur le chemin du retour. La proximité, le parfum, le chuchotis, la familiarité, le mystère de cette phrase « Tu montes, chéri? » Bref! Denis-aux-mains-caleuses (il était arpète chez un imprimeur, du moins c’était ce qu’il disait pour expliquer ses cals de branleur) s’était fait un pote d’un journaliste de la feuille locale (toute ressemblance…) qui le trimbalait dans des bars louches de la Movida Bordelaise et dans sa Ford Escort. Sans moi! Je crois que l’autre avait des projets pour sa rondelle. Je me trompais. Faut dire que Denis et moi on avait des loisirs différents. Sur les traces de son ainé, un intello qui lisait Lui pour ses articles de fond, il avait un coup d’avance, même s’il ne le tirait jamais. Moi, dés que j’avais trois ronds, je mettais du mélange à 6 dans la bleue et j’allais prendre de l’angle dans la grande courbe de la cité Carrier, un droit en descente qui passe à fond de vario suivi d’un gauche devant la vitrine du coiffeur où je pouvais vérifier la centrale de ma bleue quitte à rater le point de corde. Cependant, depuis cette idée "qu’on pouvait" je commençais à économiser pour en savoir un peu plus sur les arcanes de la beauté intérieure féminine. Serais-je soluble dans le féminin sacré?J’avais la dalle et il me fallait du poils, en version courte. Bref disais-je. « Tu sais quoi, machin veut faire une virée ce soir — ouais et alors? — y’aura sa femme! » In petto je me suis projeté. J’ignorais tout des strates de mon subconcient: était-ce le mot « femme « associé à l’idée que j’économisais un plein et que j’évitais la privation du ride hebdomadaire avec la bleue? Comment passe - t’on du stade romantique à charognard à 16 ans?Viens, je t’explique. Denis à la place du mort dans la Ford, le mari au volant, la dame et moi sur la banquette arrière. Elle s’y connaissait en braguette et quelques minutes plus tard… je me souviendrai longtemps de cette Déesse — la 21 noire, celle entre mes jambes était blonde — conduite par un homme interloqué, distingué et chauve au feu rouge de l’avenue Thiers. Scandalisé, Il a raté le passage de la seconde de sa caisse pendant que le cocu à la Ford le grillait sur un 400 m d.A en 20 secondes. C’était la distance de la Place Stalingrad à la porte de Bourgogne et ce fut le temps nécessaire à mon … ma … découverte. Entre les Quatre Pavillons et le Pont de Pierre passèrent un ange gêné et une trentaine de minutes et 20 secondes durant lesquelles je su tout de la vie, c’est à dire rien On s’est perdu de vue avec Denis. J’ai passé les deux ans qui s’ensuivirent à tenter d’oublier cette sensation de tremper dans le bol de lait tiède qui avait ramolli mon biscuit. J’étais soluble dans le féminin sacréJ’ai revu Denis bien plus tard. Il avait chopé Parkinson. Je n’ai pu m’empêcher de penser aux avantages qu’il y avait pour la … lecture de « Play boy »Salon de l’auto-A la façon de Régis-Paris 2024