Voilà, c’est dit, Dame Dati a fait sa rentrée. Elle l’a du moins préparée au moyen d’un bel article de propagande publié dans la Pravda où, vous en serez étonnés sans doute, on apprend qu’elle a cédé au nouveau mot d’ordre sarkozyste : elle a… changé. Au point que la Pravda nous parle d’une “nouvelle Rachida”.
À la lecture de l’article, on est à la fois rassuré et inquiet.
Rassuré parce que notre autotélique ministre n’a pas abandonné ce qui faisait le fond de son attachante psychologie. N’ayez nulle inquiétude, elle parle toujours d’elle-même, encore d’elle-même, à l’infini d’elle-même. Et a toujours à la bouche sa merveilleuse ascension et son phormidable parcours, comme autrefois. Et toujours avec un humour de qualité:
Hors de question de « lâcher cette affaire », comme elle le dit à propos de son ministère. Elle qui aime rappeler qu’elle vient de loin, et qu’il faut profiter de chaque seconde qui passe : «Parmi mes copains d’enfance, l’un est devenu un imam salafiste, l’autre est aux Minguettes!», dit-elle en pouffant de rire.
Mais il est bien un domaine où elle a changé. Celui de la compétence. Avant, elle jouait à faire semblant de comprendre de quoi elle parlait. Maintenant, elle souligne d’emblée ses propres limites. Apprenez donc que votre Garde des Sceaux “s’éclate” au Pénal. Mais que veut-elle dire? Qu’elle y comprend quelque chose? Que ça l’intéresse? Elle s’éclate… mystère. En tout cas, cela l’intéresse davantage que la nouvelle Constitution, comme elle nous l’explique au moyen de son lexique affûté:
Le pénal, je m’éclate. La réforme des institutions, c’était moins mon truc
On comprend pourquoi, au cours des débats, elle paraissait ne rien comprendre à ce qui se passait et tuait le temps en jouant sur son portable, comme on peut le voir au détour des vidéos des débats.
C’est que, sur les questions constitutionnelles, nul besoin de réfléchir. Il suffit de prendre ses ordres, de fermer ses neurones (qu’elle nomme “écoutilles”… De grâce, qu’une âme charitable offre un Robert à cette pauvre femme égarée dans le maquis du lexique!) et de “foncer”.
J’ai demandé au président quels étaient ses arbitrages. Ensuite, j’ai fermé les écoutilles et j’ai foncé
Elle a changé, c’est sûr.
Mais la hauteur de vues est toujours au rendez-vous.
LGB vous souhaite bon courage à tous, car la rentrée s’annonce vraiment difficile…