Après la science-fiction de Megadisq, on embraye sur la catharsis de Kat White.
L'anglaise (Kent), de naissance, s'exile en Bretagne à 15 ans. Après le conservatoire à Rennes, elle approfondit le jazz au Centre des Musiques Didier Lockwood en région parisienne.
En poussant, un peu après avoir fait ton stock d'huitres de Paimpol, t'as pu l'entendre chanter en 2021 à Penvenan avec le jazzeux The Diggers Trio.
On note, un peu tard, son passage au Lynceus festival de Binic le 7 Juillet 2024 (malheureusement, on l'a manquée...).
Sinon, un petit EP 4 titres montre le bout de son nez en Septembre et certains l'ont captée au festival 'I'm from Rennes' dans la foulée.
Il y a quelque temps, quelqu'un fait le rapprochement avec Jeff Buckley, honorée elle cite aussi l'autrice-compositrice-interprète nippo-américaine Mitski, James Blake, Bon Iver.
White? Oui, c'est l'apparence qu'elle donne avec sa robe claire et ses courts cheveux blonds/blancs ce soir (plutôt roux de nature) mais le clair obscur éclaire la prestation bouleversante.
3 gars, arrivés en fin d'été seulement, l'encadrent. Le batteur est presqu'aussi tondu que le guitariste est chevelu. Aucun cheveu sur la langue mais il y en a sur la tête à Mathieu, bassiste à la moustache élégante, qu'elle nommera plus tard ainsi que Enzo, le guitariste (à moins que j'inverse les prénoms) et nous n'avons pas ouï l'identité du batteur.
Dès l'ouverture par 'Enough', le charisme de l'artiste nous sidère littéralement. Son degré d'investissement dans l'interprétation de ses chansons donne l'impression qu'elle se livre totalement. Chamboulé, on peut même passer, en un instant, du rire aux larmes (and back).
Elle alterne anglais et français, délicieusement articulé dans 'Gare au loup' peut-être l'intitulé de la chanson qui démarre par de petits pics de guitare aigus et lancinants. Kat égrène alors les cordes de la sienne en libérant une voix fragile. La basse arrondit délicatement quelques notes avant que la mélodie du refrain n'embrase la scène portée par une batterie rebondissante. A ce moment, la voix prend des intonations orientales troublantes que je qualifierai de diphonique.
Les mimiques de la chanteuse sont fascinantes, se courbant sous le micro, y allant du bout des lèvres ou ouvrant grand la bouche, esquissant quelques sourires... parfois jaunes. Plus loin, le solo de guitare pleure, spacieux, et provoque une emphase marquante. Conclusion dans un souffle qui fait dresser le poil!
Kat se libère en confiant avoir fait un burn-out en début d'année. La chanson suivante décompresse la situation par 'Nothing to prove'. On perçoit des larmes dans la voix mais en même temps un soulagement de pouvoir vivre autre chose de plus positif. Une émotion partagée flotte...
Le titre suivant lâche un 'Je t'embrasse'. Le titre, langoureux, laisse du temps aux notes que la guitare allonge. Le chant nuance considérablement au gré de l'écartement des lèvres, l'ouverture de la bouche et de la puissance du souffle.
Parfois, il se prolonge en vocalises, venues du plus profond, et faisant passer un frisson.
L'artiste taquine Mathieu, sous-entendant qu'il dit toujours 'oui' et lui de répondre discrètement, tout en se réaccordant, 'Oui'. Personne n'a proposé 'Oui oui' comme surnom...
Elle nous explique ensuite la genèse du titre suivant 'Eloa' inspiré du poème 'Éloa ou la Sœur des anges' d'Alfred de Vigny ou l'histoire d'un ange qui tombe amoureux du diable. Kat s'effraie de la possibilité d'un enfant et dans notre monde actuel, refuse la probabilité pour son propre cas. On sent que libérer sa parole lui fait du bien... L'arpège, à la guitare, déroule aussi lentement que sombrement, tristesse amplifiée par le texte. Pendant le morceau, le chant, par moments proche du parlé, s'emporte sur des perturbations et la guitare déchire littéralement.
L'artiste poursuit en racontant l'histoire d'une amitié avec une personne qui fait de grands déplacements en Angleterre vers l'Ecosse pour aider les gens. Elle cite l'endroit que personne ne connait dans le public au point que je n'ai même pas été capable de comprendre sa toponymie. Dommage, il s'agit du titre du morceau encore une fois touchant avec une cadence balancée comme en balade.
J'espère ne pas me tromper en disant qu'elle termine avec 'Ghost' single et titre de l'EP, un hommage aux rencontres qu'elles soient humaines ou contextuelles. Dès l'intro, on se laisse emporter par la légèreté de la mélodie jouée en accords.
Le premier son venu des cordes vocales transforme tout en mélancolie. Je parie que Kat arriverait même à nous faire chialer avec 'le petit bonhomme en mousse'.
'On' lui avait dit de ne pas le faire! Kat White a du caractère, elle décide de nous faire chanter et ça marche... Ravie, elle ira même s'asseoir sur le bord de la scène.
Si le mot 'expérience' est parfois galvaudé, il s'agit bien de cela ce soir, tant notre âme se trouve soumise à de sacrés vertiges.Kat possède une personnalité incroyablement attachante par sa sincérité et sa sensibilité. Un moment de romance qui nous remplit de bonheur!
SETLIST non officielle
1-Enough
2-Gare au loup
3-Nothing to prove
4-Je t'embrasse?
5-Eloa
6-(lieu en Ecosse, phonétique Jorna greats?!)
7-Ghost