Pour le défi des Feuilles Allemandes de ce mois de novembre, j’avais envie de parler de poésie allemande contemporaine, assez méconnue en France me semble-t-il, et j’ai pensé tout de suite à Eva-Maria Berg.
J’ai trouvé ces deux textes sur le site « Recours au Poème » – une mine à explorer ! – dont voici le lien.
Ces poèmes datent de 2018. Ecrits initialement en allemand, ils ont été traduits en français par Eva-Maria Berg elle-même.
Ils font référence aux victimes de l’Holocauste et en appellent à notre conscience et à nos mémoires.
Note biographique sur la poète
Eva-Maria Berg, née en 1949 à Düsseldorf en Allemagne, a suivi des études d´allemand et français à Fribourg en Brisgau, séjourne souvent en France.
Publication de poésie, prose, essais, recensions littéraires dans des journaux, revues littéraires et artistiques, certain textes publiés dans des éditions bilingues ou dans leur traduction en français, espagnol et anglais.
Plus de renseignements biobibliographiques sur son site Internet, d’où sont tirées les informations ci-dessus et la photo ci-contre.
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Poésie, engagement, mémoire
combien de questions
peux-tu supporter
combien de réponses
peux-tu apporter qu’est-ce
que tu laisses non-dit
ou en suspens
ou tout d’abord ouvert
pour y réfléchir
qu´est-ce que tu écartes
comme inacceptable
ou à quoi refuses-tu
de te rallier
y a‑t-il aussi des questions
qui viennent de toi-même
curieux embarrassé
sceptique bouleversé
en face de ce que
tu vois écoutes
perçois sans aucune
explication et
sans savoir
où elles te mènent
quand tu es confronté
à toi-même
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la mémoire commence par soi-même
il n’y a pas d’échappatoire
ce qui se passe te concerne
peu importe où tu vis
tu es impliqué
par toute injustice
témoin qui doute
témoin indigné
témoin qui craint
de se rebeller témoin
qui veut se rebeller témoin
qui ne peut trouver la paix tant
qu’il se tait témoin
qui essaye de lutter pour trouver
les mots qui reflètent sa
perception et tu cherches
une voix tu la cherches pour
les hommes qui ne sont
pas entendus tu essaies
d’écrire contre
l’oubli dans la conscience
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