Je découvre les éditions Elyzad avec cette chouette trouvaille de boîte à livres. Comme il est marqué sur leur compte Instagram, ils publient depuis Tunis de la littérature francophone pour faire entendre des voix singulières et tisser des passerelles entre le Sud et le Nord. Née en Algérie, Leïla Sebbar vit à Paris et écrit sur le thème de la mémoire, de l’Algérie et de la guerre. Dans ce roman, elle met en scène un fils, qui revient voir sa mère, après plusieurs années d’absence, dans une banlieue française… Ils sont tous les deux dans la cuisine. La mère prépare du thé à la menthe et prend le contrôle de la conversation, sans doute pour éviter la gêne de cette trop longue absence. Elle parle de la famille, du voisinage, lui donne des nouvelles et fait le portrait de la femme idéale qu’elle espère pour lui. Pourquoi pas sa cousine, avec son CAP couture ? Bien sûr, elle sait qu’il a voyagé, rencontré d’autres personnes, mais elle veut qu’il se souvienne qu’il a une âme. Elle s’inquiète aussi pour Samira, sa sœur, qui est partie de la maison et ne donne plus de nouvelles. Elle se dit qu’un jour sa fille appellera peut-être « Radio beur » et qu’elle entendra alors sa voix, comme d’autres le font… Lorsque j’ai déniché ce titre dans une boîte à livres, il y avait deux poches de cette collection côte à côte. Je n’ai pris que celui-ci, ne voulant pas exagérer. Je le regrette un peu. J’ai en effet savouré ce pan de vie offert par l’autrice. Le lecteur est avec les deux protagonistes, dans cette cuisine, et entend le chant de cette conversation où la mère parle plus que le fils. L’écart de génération est flagrant, l’une a du mal avec aujourd’hui, la perte des traditions, tandis que l’autre apaise et recommande à sa mère d’être indulgente et de bien accueillir sa fille, si elle revient, comme elle vient de l’accueillir lui. Un très beau texte, inséré dans un petit écrin éditorial, qui avait au départ attiré ainsi mon oeil.
Editions Elyzad poche – novembre 2016
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
éé