" Je m'en souviens assez bien, vous savez, " explique Paul McCartney. " Nous séjournions dans cet hôtel [le Delmonico à New York], et nous étions en tournée, donc nous étions tous ensemble dans la suite. Nous prenions un verre, puis Bob [Dylan] est arrivé et a disparu dans une pièce à l'arrière. " Son arrivée soudaine et inattendue a causé un véritable émoi parmi les membres du groupe, pour qui il était un véritable héros.
" Ensuite, Ringo est allé le voir, " raconte McCartney dans le podcast d'Adam Buxton. " Et après quelques minutes, Ringo est revenu dans la suite, l'air un peu confus et désorienté. Nous lui avons demandé ce qui se passait, et il a répondu : "Oh, Bob est en train de fumer de l'herbe là-bas." Nous avons alors demandé : "Et ça fait quoi ?" Ringo a répondu : "On dirait que le plafond est en train de descendre un peu." " À partir de ce moment, les Beatles tels qu'on les connaissait allaient changer à jamais.
Ce moment de la culture pop est devenu un événement marquant, capturant l'imagination collective bien au-delà de sa simple occurrence. " Parce que nous n'avions jamais essayé ça auparavant, " explique McCartney, un fait qui a propulsé cette rencontre au rang de moment historique. Cet épisode est souvent décrit comme la première expérience des Beatles avec la drogue, un " Magical Mystery Tour " qui laissera une empreinte indélébile sur leur musique.
Il ne fait aucun doute que Bob Dylan et les Beatles représentent deux des forces les plus influentes du mouvement contre-culturel. Le récit de leur rencontre, vu comme un moment libérateur ayant changé le monde de la musique, a atteint le statut de légende urbaine. Cependant, comme c'est souvent le cas, les faits sont parfois altérés par le mythe.
Une autre version des faits
Bien que McCartney affirme que " nous n'avions jamais essayé cela auparavant ", une citation de George Harrison dans Anthology semble contredire cette version. " Nous avons eu notre première marijuana grâce à un batteur plus âgé d'un autre groupe à Liverpool, " raconte Harrison. " Nous ne l'avons pas vraiment essayée avant notre retour de Hambourg. Je me souviens que nous l'avons fumée dans une salle de concert à Southport et que nous avons tous appris à danser le Twist cette nuit-là. " Ce récit, beaucoup moins glamour, n'a pas la même aura mythique qu'un héros comme Dylan passant le " bâton " de l'illumination.
Harrison se souvient également de cette première expérience avec humour : " Tout le monde disait : "Ce truc ne fait rien." C'était comme dans cette vieille blague où une fête bat son plein, et deux hippies flottent au plafond en disant : "Ce truc ne marche pas, mec." " Pourtant, il y a une grande différence entre un premier essai discret et une révélation musicale partagée avec Dylan, qui allait fondamentalement changer leur son.
L'influence de Dylan et l'impact sur les Beatles
Ce qui rend la version de McCartney si mémorable, c'est ce qui a suivi. C'était peut-être la première fois que tout le groupe partageait un joint ensemble. " Nous nous sommes précipités dans la pièce pour goûter à cette substance diabolique, " plaisante McCartney, " et c'était une sacrée soirée. C'était fou, très amusant. Mais je ne suis pas sûr que Bob aime être étiqueté comme celui qui a initié les Beatles [à la drogue]. "
Selon Peter Brown, un proche des Beatles présent cette nuit-là, Dylan était incrédule que le groupe n'ait jamais fumé auparavant. Dans le livre de Steven Gaines, The Love You Make, il est raconté que Dylan, sceptique, a demandé : " Mais que dire de votre chanson ? Celle sur le fait d'être défoncé ?" Surpris, John Lennon lui a répondu : " Laquelle ? " Dylan a alors chanté : " And when I touch you I get high, I get high... " Lennon a rougi et corrigé : " Ce ne sont pas les paroles. Les paroles sont : 'I can't hide, I can't hide, I can't hide.' "
Cette soirée a laissé un héritage musical durable, comme le prouve " Got To Get You Into My Life ", que McCartney décrit comme une référence voilée à leur amour grandissant pour la marijuana. À partir de là, leur musique a pris une tournure plus introspective, comme on peut l'entendre sur Help!, avec des chansons rêveuses comme " It's Only Love " qui semblent tout droit sorties d'un nuage de fumée.
Un muse et ses dangers
Pourtant, leur relation avec la drogue avait aussi un côté sombre. Comme l'a confié Lennon dans All We Are Saying, " Les Beatles avaient dépassé l'entendement. Nous fumions de la marijuana au petit-déjeuner. Nous étions bien ancrés dans la marijuana, et personne ne pouvait communiquer avec nous, car nous avions les yeux vitreux et nous rigolions tout le temps. " Sur le tournage de Help!, le groupe oubliait souvent ses répliques et passait son temps à manger des cheeseburgers.
En fin de compte, la drogue représentait à la fois une muse créative inoffensive et une porte d'entrée vers des substances plus problématiques. Comme le conclut McCartney avec sagesse : " C'était toujours pour avoir un appui mental [...]. Cela dit, aujourd'hui, c'est beaucoup plus puissant, et il faut avertir les jeunes : allez-y doucement, quoi que vous fassiez. "
Découvrez la chanson ici : https://www.youtube.com/watch?v=r95-7zfgtLw