Les élites contre le peuple

Publié le 20 novembre 2024 par H16

C’est intolérable ! Malgré les avertissements, malgré une presse travaillant d’arrache-pied pour s’assurer que les bonnes informations parviendraient à la plèbe, malgré des institutions et des politiciens expliquant partout les dangers encourus, le peuple s’entête à voter de travers ! C’est un scandale auquel il faut absolument répondre.

Et réponse il y a donc, à mesure que les autorités, les élites politiques et dirigeantes se rendent compte que la masse électorale n’accepte plus tout à fait sans broncher les couleuvres de plus en plus grosses qu’on tente de lui faire avaler. Si ces dernières années, la sociale-démocratie s’accommodait à peu près de l’une ou l’autre frange populiste qui venait épicer un peu le débat politique, elle commence à comprendre le risque maintenant fort clair d’un gros débordement, à mesure que ses idées n’ont plus le vent en poupe.

Et la voilà, dans tout le monde occidental, qui s’agite à présent pour tenter de ramener à des proportions plus contrôlables ceux qu’elle qualifie généreusement de « populistes » puis d’extrême-droite voire, à court d’arguments, de fascistes.

En Allemagne, la montée de l’Alternative für Deutschland (AfD) a soudainement réveillé une vaste clique de députés qui entendent bien ne surtout pas laisser la parole aux électeurs qui ont pourtant montré leurs faveurs pour ce parti ; en bons démocrates-mais-pas-trop, 15 % des membres du Bundestag ont ainsi signé une requête demandant l’ouverture d’une procédure d’interdiction de l’AfD, car rien ne protège mieux la démocratie et la liberté d’expression que l’interdiction d’un parti politique de droite et la censure de ses militants et de ses députés.

En Italie, la justice a aussi été convoquée pour poursuivre et condamner l’ancien ministre de l’Intérieur de droite, Matteo Salvini, ce qui devrait assurer sa disparition des radars politiques pour plusieurs années et sauvegarder la démocratie italienne de toute montée de vilain populisme.

En Pologne, c’est aussi l’ancien ministre de l’Intérieur Mariusz Kaminski – lui aussi de droite conservatrice, un hasard tout au plus – qui se voit arrêté dans ce qui ressemble de plus en plus à une élimination politique par voie de justice d’encombrants nationalistes mal syntonisés avec les recommandations générales du moment.

En France, sans surprise, c’est Marine Le Pen qui fait elle aussi les frais d’une accélération du calendrier judiciaire. Le pays, choisissant comme à son habitude de discuter de la pertinence d’une éventuelle inéligibilité de la leader du parti de droite française, ne semble donc pas faire exception à la vague qui traverse actuellement l’Europe. Notons au passage qu’une élimination de la vieille marxiste du paysage politique français ne serait pas un mal et permettrait peut-être l’émergence d’une vraie droite libérale dans le royaume du socialisme le plus débridé ?

Ces affaires politico-judiciaires sont à rapprocher des dernières condamnations (qui s’ajoutent aux nombreux précédents) de CNews pour avoir eu des propos essentiellement conservateurs.

Peu importe ici que ces condamnations continuent de creuser dans la crédibilité, la légitimité et l’impartialité perçues de la justice française, déjà fort mal en point, au point que deux tiers des Français estiment – selon un récent sondage CSA – que le système judiciaire manque d’impartialité ; le fait est qu’une tendance de fond se dégage indubitablement dans laquelle il apparaît que les dirigeants actuels, les « élites » auto-proclamées, ont pris conscience que le peuple ne les suivaient plus voire ne les désiraient plus aux postes douillets et bien rémunérés qui les occupent actuellement.

Dans ce contexte, la réélection de Trump sonne comme une véritable alarme et la panique est visible chez eux. Et pour ces derniers, il n’y a pas le moindre doute qu’ils veulent éviter l’effet domino que cette élection pourrait provoquer ailleurs dans le monde, en Europe notamment : une fois les États-Unis tombées aux mains des populistes, c’est-à-dire une fois qu’ils échappent aux manigances des mondialistes et que le peuple américain retrouve son autonomie, le risque est très grand que la contagion touche les autres pays occidentaux à commencer par les plus inféodés aux Américains.

La lutte semblant perdue outre-Atlantique, elle se déplace de ce côté-ci et pousse donc aussi bien les élus que les non-élus au pouvoir à tout faire pour éviter une répétition qui serait hautement néfaste à leurs petits agendas dans lequel il n’est absolument pas prévu que les élections servent effectivement à quelque chose.

Cependant, cette lutte contre le peuple qui vote et pense de travers promet d’être compliquée car des fissures apparaissent déjà en Europe.

Ainsi, la façon dont évolue actuellement la diplomatie derrière le conflit russo-ukrainien traduit directement les écarts entre peuples et dirigeants, les premiers désirant manifestement une fin de conflit rapide là où les seconds se satisferaient fort bien d’un statu quo « à la coréenne » ou, mieux encore, d’une continuation des hostilités tant que les fonds, les armes et les vies humaines ne viennent pas à manquer.

Et si l’Union Européenne, si les États baltes ou la Pologne par exemple persistent à jouer dans le second camp (il suffit de voir qui a été proposé à l’Action Extérieure pour la nouvelle Commission européenne), les hésitations actuelles de Scholz en Allemagne commencent à placer progressivement le gouvernement outre-Rhin dans le premier camp.

Ces dissensions internes expliquent peut-être les dernières saillies de Zelensky qui semble soudainement rechercher une solution diplomatique à ses petits problèmes intérieurs, chose inenvisageable il y a quelques semaines de cela…

Si les Républicains parviennent à déjouer les embûches que les Démocrates sont à peu près certains de créer dans les prochaines semaines, alors l’arrivée de Donald Trump à Washington en janvier prochain promet de modifier assez fondamentalement les équilibres en place. Il faudra quelques mois supplémentaires pour commencer à juger de la nature réellement « populiste » du nouveau président et de sa capacité à faire revenir la paix tant en Europe centrale qu’au Moyen-Orient.

En Europe, cependant, gageons que ceux qui aspirent à garder les peuples aussi contraints, aussi loin des leviers du pouvoir que possible ne se laisseront pas faire. Indubitablement, les prochains mois seront agités des deux côtés de l’Atlantique.

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