La stratégie est de survivre, de glisser sur le système sans faire trop de
vagues et de faire durer sa situation le plus longtemps possible. Le plus
longtemps possible, c’est à dire essayer de passer le cap des 50 ans sans trop
de problèmes. Car n’oubliez pas que la France contrairement aux autres pays
européens cultive encore le jeunisme synonyme de dynamisme d’entreprise.
Tout le monde le sait ; certains jobs sont impossibles après 40 ans. Oui après
40 ans vous êtes morts : essayez d’être commercial dans la mode ou de
l’habillement après 40 ans ? Les meilleurs commerciaux en place se font sortir
sans ménagement en ce moment ; vous voulez des noms ?... Il doit y avoir
du ranking là derrière…
La PME n’échappe en rien à tout ce qui vient d’être écrit. La culture du
résultat et de la performance sans délai aboutissent à déstructurer le lien
social. La culture du toujours « plus » avec toujours « moins » de moyens (
budgétaires ou humains) mis dans un contexte stratégique fluctuant et mou
aboutissent à une pression managériale où les cadres de management
intermédiaire, pris entre le marteau et l’enclume, finissent par craquer les
uns après les autres. Rien d’étonnant à voir certains pousser leur mal être à
des extrémités. J’ai souvent entendu qu’il ne « fallait pas avoir d’état d’âme
» pour faire un bon manager. Mille excuses d’avoir eu un cerveau…
Reconnaissons aussi que le contexte managérial des PME aiment les hommes de
résultat et affectionnent les vrais durs, seuls capables de les obtenir !!… Les
purs, les vrais, (les tatoués) ceux qui ne se posent pas 50 questions avant
d’agir. Il y a comme une virilité malsaine en entreprise. Quand je parle de
virilité, je ne pense pas qu’aux hommes car certains managers femmes peuvent
être pires que les hommes. Ne faisons pas de sexisme ; la perversité est un
plat qui se mange froid.
Le contexte n’est pas brillant : il est révélateur du contexte social dans
lequel la France barbotte depuis maintenant plus de 20 ans. Mais les
choses peuvent évoluer et la PME peut montrer la voie à suivre. Plus courte
dans son effectif elle n’en est que plus réactive pour inventer de nouveaux
modes manageriaux.
J’ai une foi enracinée dans l’intelligence des hommes. Je ne fais là encore
aucun angélisme ( car j’ai aussi mes travers) mais je suis convaincu que l’on
peut trouver de nouvelles pistes qui permettent de conjuguer, performance et
exigence de résultat, respect des hommes et de renforcer leur appartenance à
l’entreprise.
Mon patronyme me rapproche du monde du Rugby, sport que j’affectionne
particulièrement. J’aurais adoré être un n°9… Mon
célèbre homonyme avait le n°10… La parabole est un peu simpliste mais je suis
convaincu que l’entreprise ira vers ces modes d’organisation. Exigence,
Performance, Solidarité et culture du groupe plutôt que reconnaissance d’un
leader me semblent les valeurs de demain. Bouvard et Heuzé parlent pour leur
compte de conjuguer « travail et amitié »… et pourquoi pas ?. Osons cette
dernière naïveté. Pour la mettre en place je ne vois qu’une seule voie à
prendre pour les managers : celle de le sincérité, de la vérité et de
l’exemplarité.
Honnêteté et rigueur intellectuelles seront les 2 piliers du management de demain. Osons la simplicité. Elle est souvent gage d’efficacité. A ces 2 piliers je rajouterais un 3eme : celui du plaisir. Le travail n'est pas pas une torture, et l'entreprise un lieu de contraintes; Travailler ensemble doit devenir un plaisir où chacun doit pouvoir s'epanouir. Dans mes différentes expériences d’encadrement j’aimais dire : que « pour pouvoir faire de belles choses il fallait bien se marrer !… » Alors, sans mettre en place de management par le rire (quoi que…), osons au moins celui qui réhabilite le plaisir de partager ensemble une expérience commune.