Mona Chollet, essayiste brillante et incisive, nous revient avec un nouvel ouvrage qui bouscule les idées reçues sur l' écologie et la militance. Dans son dernier livre, elle s'attaque à un sujet qui ronge bon nombre de personnes engagées : la culpabilité. Vous savez, ce poids constant qui vous fait vous auto-flageller parce que vous avez oublié de trier une boîte de conserve ou roulé votre vieille diesel pour aller manifester. Chollet nous dit, avec toute la clarté et la profondeur qu'on lui connaît : "Stop. Ce n'est pas ça qui sauvera le monde."
La culpabilité, un piège sous le capitalisme
Chollet explique que cette culpabilité des militants, et en particulier des militants écologistes, n'est pas un hasard. Elle est en grande partie le produit d'un système qui adore nous renvoyer à nos propres insuffisances. Sous le capitalisme, tout semble organisé pour nous faire croire que la responsabilité repose entièrement sur nos épaules. Que si la planète brûle, c'est parce qu'on a pris un sac plastique ou oublié notre gourde.
Mais, comme elle le rappelle, ce raisonnement est un écran de fumée. Il nous détourne des véritables responsables : les multinationales, les industries polluantes, et les décideurs politiques qui continuent à autoriser des projets climaticides, malgré l'urgence.
Le problème des "petits gestes"
Bien sûr, Mona Chollet ne diabolise pas les gestes individuels. Recycler, consommer moins, prendre le vélo plutôt que la voiture, ce sont des initiatives positives. Mais, et c'est là le cœur de son raisonnement, ces gestes deviennent problématiques dès qu'ils se transforment en un fardeau émotionnel. Pourquoi ? Parce qu'ils finissent par nous immobiliser.
Sous la culpabilité, on s'épuise à vouloir être irréprochable. Chaque écart devient une petite honte secrète, un coup à notre estime. Et pendant qu'on se torture pour une poubelle mal triée, on oublie de regarder plus loin.
Passer aux grands gestes
Alors, que propose Mona Chollet ? Elle invite à un changement de perspective radical :
- Lâcher la culpabilité. On ne peut pas être parfait dans un système imparfait. La société capitaliste est intrinsèquement polluante, et vouloir être une "écolo parfaite" dans ce contexte est une mission vouée à l'échec.
- Se concentrer sur les actions qui comptent vraiment. Chollet plaide pour une montée en puissance des grands gestes collectifs : grèves, pétitions, désobéissance civile, manifestations massives... Autant de moyens de pression qui peuvent réellement infléchir les politiques publiques et les pratiques des entreprises.
Elle insiste également sur la nécessité de cibler les vrais leviers de pouvoir. Car, soyons réalistes, la transition écologique ne passera pas par l'électroménager de Mme Dupont. Elle passera par des décisions globales : taxer les superprofits, interdire les énergies fossiles, développer les transports publics, et j'en passe.
La révolution commence par un lâcher-prise
Mona Chollet conclut son raisonnement par un appel à la sérénité. Cesser de se reprocher ses petits écarts, ce n'est pas renoncer. C'est, au contraire, retrouver l'énergie nécessaire pour mener des combats bien plus importants. Parce qu'au fond, culpabiliser sur sa vieille voiture diesel ou son shampoing pas bio ne fera jamais autant de différence qu'une action collective bien menée.
Alors, débarrassons-nous de cette culpabilité inutile. Trions nos déchets, oui, mais sans en faire une obsession. Et surtout, agissons là où cela compte vraiment : sur ceux qui ont le pouvoir de changer les règles du jeu.
En résumé, avec ce livre, Mona Chollet nous donne les clés pour transformer notre impuissance en force collective. Une lecture nécessaire pour tous ceux qui veulent sauver la planète sans y laisser leur santé mentale. Parce qu'on ne sauve rien en se noyant dans la culpabilité.
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News