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Comment David Crosby a influencé George Harrison et la révolution psychédélique des Beatles

Publié le 19 novembre 2024 par John Lenmac @yellowsubnet

Il n’y a personne avec qui j’aurais préféré faire la fête à son apogée que David Crosby. Flamme contre-culturelle lumineuse mais capricieuse, cet artiste immensément talentueux côtoyait les meilleurs lors de soirées mémorables, marquant la culture populaire tout en honorant Bacchus. Si son moment le plus célèbre reste celui où lui, Stephen Stills et Graham Nash ont découvert leur pouvoir vocal collectif lors d’un dîner, on oublie souvent que Crosby a eu un impact majeur sur les Beatles lors d’une soirée.

À première vue, on pourrait penser que Crosby et les Beatles n’avaient pas grand-chose en commun. Après tout, Crosby venait d’une famille artistique aisée de Los Angeles, son père étant un directeur de la photographie oscarisé. En revanche, les Fab Four étaient des jeunes de la classe ouvrière de Liverpool, certains, comme John Lennon et Paul McCartney, ayant perdu un parent à un jeune âge.

Malgré ces différences, Crosby et les Beatles partageaient une créativité sans limites, un amour pour la musique folk et, plus important encore, des esprits ouverts. Ni l’un ni l’autre n’auraient atteint de tels sommets culturels sans l’influence de Bob Dylan. Crosby, avec son groupe The Byrds, a révolutionné le folk-rock en reprenant des chansons de Dylan, comme le célèbre « Mr. Tambourine Man ». De leur côté, les Beatles se sont inspirés de lui pour écrire sur des sujets réels et ont même découvert le cannabis grâce à lui, amorçant leur odyssée expérimentale. Au-delà de cette influence commune, leurs visions du monde étaient aussi étroitement alignées.

En 1965, lors d’une soirée dans les collines de Hollywood, les Byrds et les Beatles ont partagé une expérience psychédélique sous LSD pour mieux se connaître. Si les Byrds sont repartis inspirés, l’impact sur les Beatles fut immense.

Les souvenirs de cette soirée restent flous. Peu avant sa mort en 2023, Crosby affirmait avoir introduit George Harrison au son céleste du sitariste indien Ravi Shankar. Cependant, l’année précédente, il écrivait sur les réseaux sociaux : « Je ne pense pas avoir “présenté” Ravi à George… mais je lui ai donné un disque de Ravi à l’époque. Si cela l’a aidé à découvrir cette musique, alors tant mieux pour moi. » De son côté, Roger McGuinn, leader des Byrds, revendique aussi avoir montré Shankar à Harrison.

Selon Harrison lui-même, Crosby lui a fait réaliser la grandeur de Shankar : « C’était une chose incidente, mais j’ai commencé à entendre le nom de Ravi Shankar. La troisième fois, je me suis dit : “C’est une drôle de coïncidence.” Puis j’en ai parlé avec David Crosby, et il a mentionné son nom. J’ai acheté un disque de Ravi, je l’ai écouté, et cela a touché quelque chose en moi que je ne peux pas expliquer. »

Cette découverte a transformé Harrison presque instantanément, personnellement et créativement, et a aussi marqué le travail des Beatles. En 1965, la version nord-américaine du film Help! comprenait une partition de Ken Thorne intégrant l’un des premiers usages du sitar dans un album pop. Mais ce n’était que le début.

En 1966, avec Revolver, leur premier pas dans la psychédélie, les Beatles ont exploité le sitar de manière plus marquée. Cet album a ouvert la voie à leur chef-d’œuvre psychédélique de 1967, Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, qui a fusionné le rock psychédélique et la musique indienne de façon indélébile.

Cette période est sans doute la plus importante pour les Beatles, et elle n’aurait pas été la même sans l’influence de Shankar et de la musique indienne. Sur l’album de 1967, Harrison a joué d’autres instruments indiens traditionnels, comme le tambura et le swarmandal, renforçant leur sonorité hypnotique. Harrison a même recruté des musiciens asiatiques basés à Londres pour jouer sur des morceaux comme le classique planant « Within You Without You ». Ces compositions, rompant avec les traditions, ont instauré un véritable changement culturel.


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