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Comment Paul McCartney a retrouvé sa joie de créer avec Ram après la séparation des Beatles

Publié le 19 novembre 2024 par John Lenmac @yellowsubnet

« J’étais déprimé. Vous le seriez aussi. Vous rompez avec vos amis de toujours », a déclaré Paul McCartney à propos de sa vie à la fin des années 1960. Lorsque John Lennon a annoncé au groupe en 1969 qu’il voulait divorcer, les Beatles étaient finis. La vie de McCartney, telle qu’il la connaissait, basculait. La famille qui l’avait entouré depuis son adolescence n’était plus, et soudainement, il se retrouvait projeté dans le monde en solo. Avec l’album McCartney, il a fait face, mais avec Ram, il a prospéré.

Ces deux albums ont joué un rôle essentiel dans la reconstruction de McCartney. Après la séparation des Beatles, le musicien, selon ses propres termes, était déprimé. Il s’est replié sur sa vie familiale avec Linda et leurs enfants, avouant même qu’il se demandait « si [il] allait continuer dans la musique ». Mais comme cela arrive souvent avec les artistes, l’art finit par les rattraper. Même caché, des chansons lui venaient à l’esprit jusqu’à ce qu’il n’ait d’autre choix que de les enregistrer.

C’est ainsi qu’est né McCartney, son premier album solo en 1970. Réalisé dans l’isolement total de son studio à domicile, sans informer personne ni impliquer quiconque en dehors de sa femme, ce fut un projet introspectif. « J’étais comme un professeur dans son laboratoire. Très simple, aussi basique que possible », expliqua-t-il. C’était une tentative de retour à l’essentiel, un premier pas prudent et réfléchi, comme une phase initiale de guérison.

McCartney est un excellent album qui prouve que McCartney était toujours capable d’un songwriting exceptionnel sans le soutien des Beatles. Cependant, ce n’est qu’avec la sortie de Ram que la joie palpable, si caractéristique de son œuvre, s’est retrouvée pleinement dans sa musique solo. Ce n’est qu’en revenant à la collaboration, avec Linda et un groupe autour de lui, que McCartney a véritablement repris son envol.

Cela a du sens. Toute sa carrière jusqu’alors s’était construite au sein d’une unité collaborative. En particulier pour son songwriting, Lennon et McCartney avaient appris leur art ensemble, atteignant leur sommet en échangeant leurs idées. Avec son premier album, McCartney a prouvé qu’il pouvait travailler seul, mais l’énergie de Ram montre qu’il n’avait jamais voulu se passer de cette dynamique collective.

« Ram on ! » lança-t-il en riant lors d’une interview, décrivant l’esprit créatif derrière l’album. Alors que McCartney était maîtrisé et précautionneux, Ram marquait une décision de se lancer sans retenue et de voir ce qui en ressortait. « Si vous êtes bloqué, foncez quand même et corrigez plus tard », conseilla McCartney à propos de son approche, largement influencée par Linda, qui devint une sorte de substitut à Lennon, un partenaire avec qui échanger des idées.

Avec cette équipe autour de lui, McCartney retrouvait le flux de créativité qui caractérisait les Beatles. Moins de temps pour trop réfléchir, plus d’interaction sociale, et une atmosphère de plaisir tangible transparaissent dans Ram. On entend sur bande comment McCartney retrouvait sa joie de créer.

Alors que les chansons de McCartney restent simples et introspectives, celles de Ram rappellent l’univers ludique découvert par les Beatles. L’album regorge de vie et de couleur. Il y a l’interprétation théâtrale de « Uncle Albert/Admiral Halsey », avec ses voix farfelues et son récit délirant. Il y a l’humour grinçant de « Smile Away », où l’on sent presque McCartney rire à travers les écouteurs. « Heart Of The Country » offre une ambiance improvisée et légère, tandis que « Eat At Home » dévoile une touche de rockabilly domestique, empreinte de complicité avec Linda.

Chaque morceau de Ram est marqué par un esprit de jeu, de spontanéité et d’insouciance. Ce n’est pas l’œuvre d’un homme en quête de validation ou d’un génie prouvant sa valeur hors des Beatles. C’est celle d’un musicien retrouvant le plaisir de jouer avec d’autres musiciens, et cela s’entend.


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