Les parents et le pouvoir publics exigent de plus en plus de résultats et les chefs d'établissement deviennent aujourd'hui de véritables "managers", Denis Peiron enquête sur cette évolution dans un article paru le 28 août 2008 dans le magazine La croix en ligne.
"Yves-Jean Thomas, directeur du collège-lycée Saint-François-Xavier, à
Vannes (Morbihan), reprend à son compte cette métaphore. « Dans ma
voiture, j’écoute souvent France Musique. Ce matin, il était question
des qualités requises pour diriger un orchestre, expérience et vision.
En fait, j’avais l’impression qu’on décrivait mon propre métier »,
s’amuse le président du SNCEEL, le Syndicat national des chefs
d’établissement de l’enseignement libre. Pour autant, il est une autre
image qu’il ne renierait pas, celle de chef d’entreprise. « Non pas
dans une acception économique, mais au sens où l’on entreprend, où l’on
fait preuve d’initiative », précise-t-il.
Ce n’est d’ailleurs
pas un hasard si Anne Barrère, professeur à l’université Lille III, a
choisi « Les Managers de la République » comme sous-titre de son
ouvrage sur la Sociologie des chefs d’établissement. « Ils
se trouvent désormais en tension entre deux objectifs : d’une part,
celui des valeurs républicaines et de l’égalité des chances ; d’autre
part, celui d’une modernité de l’organisation, avec, pour maître mot,
le “pilotage par les résultats”. La formation qui leur est dispensée au
sein de l’École supérieure de l’éducation nationale tend à faire d’eux
de véritables cadres, dans une logique de rupture avec l’identité
enseignante », analyse la chercheuse. « Parallèlement, en quelques
décennies, sur fond de décentralisation, les politiques publiques ont
fait des chefs d’établissement le relais des réformes. Eux qui avaient
un rôle essentiellement administratif interviennent de plus en plus sur
le terrain pédagogique, compris au sens large », souligne Anne Barrère.
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