Petit déjeuner chez Tiffany

Publié le 19 novembre 2024 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

« J’avais été au cinéma, j’étais rentré et je m’étais mis au lit avec un grog au rhum et le dernier Simenon. C’était tellement mon idée d’une soirée confortable que je ne parvenais pas à comprendre le sentiment de malaise qui s’amplifia en moi au point que je pouvais entendre les battements de mon cœur… Le sentiment que l’on m’épiait. Que quelqu’un était dans la chambre. Puis il y eut une succession de coups secs sur la vitre, une apparition d’un gris spectral. Je renversai le grog. Il me fallut un certain temps avant que je me décide à ouvrir la fenêtre et à demander à Miss Golightly ce qu’elle voulait. »

L’histoire de Holiday Golightly, la cover-girl incarnée à l’écran par Audrey Hepburn.

Cette année, on fête le centenaire de la naissance de Truman Capote et les quarante ans de sa mort. Une bonne raison de sortir ce cadeau reçu il y a au moins dix ans de la PAL. Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que Petit déjeuner chez Tiffany est en réalité une longue nouvelle (et non un roman) accompagnée de trois autres dans ce recueil.

Petit déjeuner chez Tiffany raconte donc quelques mois de la vie new-yorkaise de Holly Golightly sous les yeux du narrateur, d’abord intrigué puis charmé par ce personnage aussi extravagant qu’attachant. Elle a beaucoup de charme derrière ses lunettes noires, Holly, elle dérange tout son immeuble quand elle est chez elle, elle n’en fait qu’à sa tête, elle dit tout ce qu’elle pense sans filtre, elle traîne derrière elle des hommes intéressés, protecteurs mais qui profitent aussi de sa (fausse ?) naïveté. Elle cherche sans doute la sécurité matérielle et affective avant tout, quand on connaît un peu son passé. Un beau jour, elle disparaît mystérieusement et le narrateur aimerait tant savoir ce qui lui est arrivé… En arrière-plan, New York, la ville de tous les possibles, de tous les rêves (parfois brisés), joue également un rôle. C’est elle qui permet à notre narrateur de voir éditée une de ses nouvelles. J’imagine que Truman Capote s’est inspiré de sa propre histoire pour écrire cette nouvelle.

La maison de fleurs, La guitare de diamants et Un souvenir de Noël sont de courtes nouvelles qui mettent en scène des personnages eux aussi malmenés par la vie : une jeune fille venue en ville, « obligée » de se réfugier dans une maison close et croyant trouver l’amour grâce à un client, un vieux prisonnier trahi par un jeune qu’il avait pris en amitié et une vieille dame mal traitée par son entourage mais unie à un enfant par une jolie complicité.

J’ai apprécié la traduction qui transmet le beau style de Truman Capote. Happy birthday, mister !

« La soirée était chaude, proche de l’été, et elle portait une mince et fraîche robe noire, des sandales noires, un collier de chien en perles. En dépit de son élégante minceur, elle gardait l’air de santé des petits déjeuners aux flocons d’avoine, l’air de propreté des savons au citron et des joues assombries d’un rouge sommaire. La bouche était grande, le nez retroussé. Une paire de lunettes noires obturait ses yeux. C’était un visage ayant passé l’enfance mais tout près d’appartenir à la femme. »

Truman CAPOTE, Petit déjeuner chez Tiffany, traduit de l’anglais par Germaine Beaumont, Folio, 2012