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Critique Ciné : Black Cab (2024, Shudder)

Publié le 18 novembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné Black (2024, Shudder)

Black Cab // De Bruce Goodison. Avec Synnove Karlsen, Luke Norris et Nick Frost.

Le film Black Cab promettait une plongée oppressante dans les ténèbres de l'horreur, mais malgré quelques qualités atmosphériques, il s'égare rapidement dans les méandres de l'indécision narrative. L'idée de départ, centrée sur un couple pris au piège par un chauffeur de taxi aux intentions sinistres, offrait un potentiel intrigant. Pourtant, le film peine à transformer cette prémisse en une expérience mémorable, et le résultat final semble inabouti, laissant sur sa faim ceux qui espéraient une immersion effrayante et captivante. Le travail des décorateurs et des techniciens de plateau est l'une des forces indéniables du film. Le cadre oppressant de la route sombre et pluvieuse, perdu au milieu de nulle part, crée une ambiance sinistre, où la claustrophobie et l'angoisse se ressentent à chaque instant.

Anne et Patrick montent dans un taxi. Mais le chauffeur n'a pas l'intention de les ramener chez eux. Enfermés dans le taxi sans aucun moyen de s'échapper, le conducteur transporte le couple jusqu'à une route déserte et prétendument hantée...

Les choix esthétiques, avec leurs nuances de gris et de noir ponctuées par des éclats de lumières floues, enveloppent l'action dans une atmosphère lourde et menaçante. Malheureusement, cet aspect visuel reste insuffisant pour porter le film, qui manque cruellement d'originalité au niveau de son intrigue. Le fil conducteur de l'histoire est trop prévisible pour surprendre un spectateur habitué aux thrillers. Le comportement du chauffeur de taxi devient rapidement suspect, et le déroulement des événements semble suivre un schéma usé, sans offrir de rebondissements marquants. À cela s'ajoute l'apparition de fantômes, certes bien intégrés dans cette ambiance brumeuse, mais qui manquent d'authenticité et de nouveauté. Le spectateur devine facilement leurs intentions, et leur rôle se dilue dans un récit déjà alourdi par des clichés du genre.

Au final, Black Cab laisse plusieurs questions sans réponses, et les éléments surnaturels apparaissent davantage comme des artifices que comme des moteurs de l'intrigue. Le cœur du problème réside dans le scénario, qui semble hésiter entre deux styles d'horreur distincts : le surnaturel et le thriller psychologique. D'un côté, l'intrigue flirte avec l'idée d'une histoire de fantômes et de forces occultes, et de l'autre, elle explore la noirceur humaine et la terreur psychologique. Cette hésitation empêche le film de développer pleinement l'un de ces deux axes et de s'y engager avec conviction. Les changements de ton créent une incohérence qui brouille l'intention du réalisateur, rendant difficile pour le spectateur de s'immerger dans le récit. La mise en scène, assurée par Goggins, parvient toutefois à instaurer une tension latente dans les premières scènes.

Il réussit à capturer l'essence d'un lieu isolé, où chaque détour de la route semble rapprocher le couple de leur funeste destin. Mais cette tension initiale s'effrite rapidement lorsque le scénario perd de sa rigueur et laisse place à des séquences décousues et des explications peu convaincantes. L'oscillation constante entre le suspense paranormal et le thriller de kidnapping entraîne une confusion narrative qui affaiblit le propos du film et dilue son impact. Le casting est, en partie, à la hauteur des attentes. Nick Frost, qui incarne le chauffeur de taxi, livre une performance intrigante. Connu pour son habileté à mélanger humour et menace, Frost réussit à donner à son personnage une dose de mystère qui rend les premières interactions captivantes. Son jeu oscille entre des moments d'ambiguïté subtile et des éclats plus menaçants, mais il ne parvient jamais à pleinement incarner la menace terrifiante qu'on attend de lui.

Cette déception réside en grande partie dans l'écriture du personnage, qui manque de profondeur et de clarté quant à ses véritables intentions. Ainsi, malgré les efforts de Frost, le rôle semble sous-exploité et peine à marquer durablement le spectateur. Les autres personnages, Anne et Patrick, interprétés par Synnøve Karlsen et Luke Norris, complètent l'intrigue mais manquent de relief. Leur relation est esquissée sans grande finesse, et leur évolution face aux événements reste superficielle. Les interactions entre eux et le chauffeur devraient intensifier la tension, mais elles se réduisent à des dialogues convenus, et l'absence de développement psychologique limite leur impact. Leurs réactions, parfois trop prévisibles, ne favorisent pas l'immersion et rappellent les stéréotypes classiques du genre.

L'un des défauts les plus gênants de Black Cab est son rythme irrégulier. Le film commence avec un rythme lent mais prometteur, qui installe un climat oppressant, mais se perd rapidement dans des longueurs inutiles. Les séquences où le taxi roule indéfiniment sur une route sombre, sans véritable progression narrative, finissent par ennuyer et cassent l'intensité initiale. Cette lenteur, qui aurait pu être utilisée pour renforcer le malaise, devient un frein et donne l'impression que le film ne sait pas comment conclure les différents éléments de son intrigue. Les dernières scènes se précipitent vers une résolution brouillonne, laissant une impression d'inachevé. Les révélations finales ne parviennent pas à combler les lacunes laissées par le récit et manquent de l'impact émotionnel nécessaire pour compenser les longueurs du film.

En définitive, Black Cab aurait pu être un thriller captivant, mais il reste un essai maladroit qui peine à se démarquer. Pour les amateurs de Nick Frost, le film présente un intérêt limité, car il offre une version édulcorée de son talent. Ceux qui recherchent une expérience horrifique mémorable risquent d'être déçus par cette production qui, au lieu d'effrayer, finit par tourner en rond. Black Cab se laisse regarder une fois, sans plus, mais laisse un goût amer de potentiel non exploité, comme un trajet qui n'atteint jamais sa destination.

Note : 3/10. En bref, un pari manqué.

Prochainement en France


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