Tulsa King // Saison 2. Episode 10. Reconstruction.
Avec son final de saison, Tulsa King a pris le risque de laisser ses fans sur leur faim. L'épisode 10, censé conclure une saison marquée par des intrigues complexes et des tensions croissantes, a offert une résolution maladroite et précipitée. Si certains moments ont brillé par leur intensité, l'épisode a globalement manqué de profondeur et d'impact pour honorer les attentes élevées des spectateurs. Dès le début de cet épisode, il devient évident que Dwight Manfredi, le protagoniste interprété par Sylvester Stallone, a atteint un statut presque invincible. Ses interactions avec ses ennemis - qu'il s'agisse de Cal Thresher, Vince Antonacci, Bill Bevilaqua ou Chickie Invernizzi - montrent un personnage qui ne cède jamais, peu importe les circonstances. Cependant, cette rigidité, censée représenter la force de Dwight, finit par nuire à l'histoire.
Le problème principal de cet épisode est que Dwight ne semble jamais mis en danger. Il rejette systématiquement les propositions de ses rivaux avec un mépris total, sans subir de réelles conséquences. Cela donne lieu à une narration déséquilibrée où le suspense s'effrite. Pourquoi s'inquiéter pour un personnage qui gagne toujours et qui ne montre aucun signe de vulnérabilité ? Cette invulnérabilité rend la série prévisible et prive les spectateurs d'un enjeu émotionnel fort. L'épisode tourne principalement autour de Dwight et des négociations avec divers protagonistes. Mais ici, négociation semble être un mot mal choisi. Face à Cal Thresher, Dwight réclame sans détour la totalité de son empire du cannabis, sans offrir la moindre compensation. La réponse de Thresher ? Une reddition rapide et peu crédible, un choix scénaristique qui manque de nuance.
Le même schéma se répète avec Vince, le nouveau chef de la mafia de New York, et Bill Bevilaqua, qui demande une part équitable du commerce lucratif de cannabis. Là encore, Dwight campe sur ses positions et refuse toute concession, donnant l'impression d'un personnage figé et dépourvu d'évolution. Même face à Chickie Invernizzi, qui propose de rétablir l'ordre à New York, Dwight répond par des accusations directes de parricide et rejette d'emblée toute possibilité de collaboration. Si cette attitude obstinée visait à renforcer la stature intimidante de Dwight, elle finit plutôt par souligner un manque de complexité narrative. En refusant systématiquement de négocier, Dwight devient non seulement prévisible mais également antipathique, rendant difficile l'attachement à son personnage. Au milieu de cette rigidité narrative, une scène parvient néanmoins à capter l'attention : la confrontation entre Chickie, Bill et Dwight.
Alors que Chickie et Bill arrivent avec une offre soi-disant équitable pour partager les bénéfices, la situation prend un tournant brutal. En plein milieu de son argumentaire, Chickie est abattu d'une balle dans la tête par Bill, un rebondissement soudain et choquant. Cette séquence rappelle brièvement la grande tradition des séries mafieuses, où les alliances se brisent en un instant et où la violence inattendue redéfinit les rapports de force. Ce moment aurait pu redorer le blason de l'épisode, mais il arrive trop tard pour sauver une intrigue qui s'était jusque-là traînée sans grande intensité. Outre ses problèmes de rythme et de caractérisation, cet épisode souffre également d'un manque de résolution pour plusieurs arcs narratifs. Où est passée Tina, la fille de Dwight, dont l'histoire avec Mitch semblait pourtant prometteuse ? Qu'est-il arrivé à Stacy, l'ex-petite amie de Dwight, qui a soudainement disparu sans explication ?
Même Tyson, qui a commis un meurtre brutal dans l'épisode précédent, ne montre aucun signe de trouble psychologique, une incohérence qui affaiblit encore davantage la crédibilité de l'histoire. D'autres éléments semblent simplement superflus, comme les scènes légères autour du commerce de cannabis ou le spot publicitaire de Mitch pour son nouveau concessionnaire automobile. Ces digressions humoristiques, bien qu'amusantes dans d'autres contextes, paraissent déplacées dans un final de saison censé clore les intrigues principales. L'épisode se termine sur une note abrupte, avec Dwight capturé par des agents fédéraux lors d'un raid nocturne. Sans explication claire, il est emmené dans un lieu inconnu où une voix hors-champ lui déclare : " Vous travaillez pour nous maintenant. " Cette conclusion arrive comme un cheveu sur la soupe, sans réelle préparation ni contexte.
Si l'objectif était de surprendre, le résultat est une confusion qui laisse un goût amer. Cette capture pourrait annoncer un nouvel arc narratif intéressant pour une éventuelle saison 3, mais en l'état, elle manque de la gravité nécessaire pour conclure une saison entière. L'épisode 10 de la saison 2 de Tulsa King illustre les écueils d'une série qui peine à maintenir l'équilibre entre action, intrigue et développement des personnages. Bien que certaines scènes, comme la trahison brutale de Bill envers Chickie, montrent le potentiel de la série, l'épisode final s'effondre sous le poids de ses propres attentes. Au lieu de livrer un final captivant et mémorable, Tulsa King offre un dénouement précipité, laissant de nombreuses intrigues en suspens et négligeant les arcs émotionnels qui auraient pu enrichir l'histoire. Si une saison 3 voit le jour, les scénaristes devront redoubler d'efforts pour ramener la série à son plein potentiel et offrir une conclusion digne de ses prémices prometteuses.
Note : 3/10. En bref, une conclusion décevante pour une saison pleine de promesses.
Disponible sur Paramount+
Bien que Paramount+ n'ait pas encore officialisé le renouvellement de Tulsa King pour une saison 3 à l'heure où j'écris ces lignes, Sylvester Stallone a confirmé que la saison 3 était en cours d'écriture.