Le rapport 2024 du Réseau CIVAM analyse les performances des exploitations agricoles conventionnelles et autonomes, avec une attention particulière portée sur les fermes laitières non biologiques. Cette étude met en évidence les différences marquées entre les deux modèles en termes d'efficacité économique, d'impact environnemental et de résilience face aux défis énergétiques et financiers actuels.
Contexte de l'étude : pourquoi comparer ces modèles ?
Le Réseau CIVAM, axé sur une agriculture durable, souhaite comprendre comment les pratiques agricoles peuvent s'adapter aux contraintes climatiques et économiques. Les fermes conventionnelles, souvent intensives, sont comparées aux fermes autonomes, caractérisées par une faible dépendance aux intrants industriels et une autosuffisance accrue en énergie et en ressources.
Principaux constats : coût des intrants et dépendance énergétique
L'étude souligne que les fermes autonomes réussissent à réduire drastiquement leurs dépenses en intrants. Selon le rapport, ces exploitations consomment en moyenne 25 % de fioul en moins que les fermes conventionnelles. De plus, elles enregistrent un coût phytosanitaire moyen de 23 €/hectare contre 54 €/hectare pour les exploitations conventionnelles. Cette approche permet aux fermes autonomes de limiter leur exposition aux fluctuations des prix des intrants, comme les engrais et les produits phytosanitaires, rendant leurs opérations plus stables face à l'augmentation des coûts mondiaux.
Par exemple, une ferme autonome bretonne, citée dans le rapport, a adopté une rotation des cultures et l'intégration de légumineuses dans ses prairies. En misant sur des cultures qui fertilisent naturellement les sols, cette exploitation a pu réduire ses dépenses en engrais chimiques de près de 40 %, tout en augmentant la biodiversité de ses parcelles.
Résilience financière et revenu des agriculteurs
Un des points majeurs du rapport est la stabilité financière que procure le modèle autonome aux agriculteurs. Contrairement à une ferme conventionnelle qui pourrait dépendre des aides et des subventions pour équilibrer ses comptes, le modèle autonome favorise une rentabilité basée sur la réduction des charges. Cela se traduit par un revenu par actif équivalent, voire supérieur, sans nécessiter de dépendance accrue aux aides publiques.
Le rapport illustre cette différence en citant une ferme de Normandie, qui, en utilisant des techniques d'agroécologie comme le pâturage tournant et l'autoproduction de foin, est parvenue à augmenter son revenu net. Cette approche a non seulement permis de réduire ses coûts d' alimentation animale, mais également d'optimiser l'utilisation de ses pâturages, offrant ainsi une meilleure rentabilité par hectare.
Un modèle plus respectueux de l'environnement
Au-delà des avantages économiques, les fermes autonomes se distinguent par un impact environnemental réduit. L'étude révèle qu'elles émettent globalement moins de gaz à effet de serre et de polluants dans les sols et les eaux. Les fermes autonomes, en privilégiant les énergies renouvelables et les circuits courts de production, contribuent à la réduction de leur empreinte carbone. Le rapport souligne que la baisse de la consommation de produits phytosanitaires dans ces fermes réduit les risques de pollution des nappes phréatiques.
Un exemple frappant mentionné dans le rapport est celui d'une exploitation dans le Sud-Ouest de la France, qui a réussi à diminuer son empreinte carbone de près de 30 % en utilisant des panneaux solaires pour alimenter ses équipements et en pratiquant la rotation des cultures.
Une autonomie alimentaire renforcée
Les fermes autonomes mettent en place des systèmes de production qui leur permettent de nourrir leurs troupeaux sans dépendre des achats externes de nourriture. Cela renforce leur résilience face aux fluctuations des prix des matières premières. Le rapport observe que ces fermes produisent une part significative de l' alimentation animale directement sur leur exploitation, grâce à des prairies diversifiées et des cultures locales adaptées.
Un modèle d'avenir ?
Le rapport 2024 du Réseau CIVAM met en lumière les bénéfices du modèle autonome, tant d'un point de vue économique qu'environnemental. Il conclut en appelant les exploitations conventionnelles à envisager une transition vers des pratiques plus autonomes pour augmenter leur résilience face aux crises économiques et climatiques. Cependant, il souligne que cette transition nécessite un accompagnement et des formations pour les agriculteurs, afin de maîtriser des techniques spécifiques.
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News