Je me suis étonnamment régalée avec ce roman que l’on pourrait qualifier de « domestique » ou de « roman américain » ou de « roman universitaire ». Je ne m’attendais pas forcément à cela d’Agnès Desarthe, rencontrée à deux reprises et dont j’avais lu dernièrement L’Eternel fiancé… Sylvie, Hector et leur fils Lester, 14 ans, arrivent aux États-Unis. Il a été proposé à Hector un poste de professeur dans une université de Caroline du nord. Une occasion à ne pas rater, une chance de vivre une nouvelle vie, pleine d’expériences. Lester est bilingue, son intégration ne devrait pas causer problème, sauf qu’il souhaite qu’on l’appelle dorénavant Absalom Absalom. Il arrive à Sylvie de penser que son fils est un peu particulier, sans qu’elle s’attarde longtemps sur cette pensée. Rapidement, Hector fait des ravages parmi la gente féminine de l’université, son charme français sans doute. Sylvie s’en aperçoit mais reste dans une sorte de placidité habituelle, en retrait. Elle qui pense qu’elle n’est rien se met à la poterie et fréquente des expatriés. En France, pendant ce temps-là ont lieu les événements du 13 novembre et dans leur milieu universitaire on pense, à tort, qu’une femme va bientôt accéder au pouvoir, suite à Obama… J’ai beaucoup aimé l’ambiance de ce roman, la distance élégante qu’adopte Sylvie en toutes circonstances, plongée qu’elle est dans ce nouvel environnement où elle peine à trouver sa place. Lester est visiblement en détresse. Hector est dans une sorte de mirage. Le lecteur sait ce qui traverse l’esprit de chaque membre de cette famille mais ils ne communiquent pas entre eux, sont livrés à eux-mêmes. Tout cela est finement observé, certaines scènes sont à la fois drôles et dramatiques. Le cheminement de Sylvie est attachant et intéressant. Bref, c’est un régal !
Editions de l’Olivier – 16 août 2018
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Une autre lecture chez… mots pour mots
éé