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Cheminement de mon deuil ! : Conversation avec un psy

Publié le 16 novembre 2024 par Batihouman @batihouman

Cheminement deuil Conversation avec

Il existe des instants qui bouleversent notre existence à jamais. La perte soudaine de ma femme, emportée par un infarctus fulgurant, a marqué l'un de ces moments tragiques. Une seconde, elle était à mes côtés, et l'instant d'après, tout s'est écroulé. Depuis, je navigue au cœur d'une tempête d'émotions, cherchant désespérément un sens, une lueur dans cette obscurité écrasante.

Aujourd'hui, je souhaite partager ces émotions, non seulement pour mettre des mots sur l'indicible, mais aussi pour transmettre les conseils de mon psychiatre, qui m'aident à tenir en ces moments.

Lorsque j'ai reçu la terrible nouvelle, le temps s'est figé. Le sol sous mes pieds a disparu. Comment accepter l'impensable ? Il m'a expliqué que ce choc constitue une forme d'autodéfense. " Votre esprit se protège en refusant momentanément d'accepter la réalité, " m'a-t-il confié. Pourtant, rien ne pouvait me préparer à cette douleur sourde, à cette incompréhension totale. J'attendais, comme si elle allait franchir la porte à tout moment. Mais chaque silence, chaque absence, hurlait qu'elle ne reviendrait jamais.

Le chagrin n'est pas une simple émotion. C'est une blessure, une plaie béante qui ne cesse de saigner. Certains matins, respirer devient une épreuve, où chaque souvenir se transforme en poignard. Le psy m'a livré une phrase qui m'a profondément marqué : " Cette douleur est le prix de l'amour. Laissez-la exister, car elle témoigne de la profondeur de ce que vous avez partagé. " Ainsi, j'apprends à ne pas fuir, à pleurer lorsque le besoin s'en fait sentir, à accepter que cette souffrance soit aussi un hommage à l'amour immense que nous avions.

Dans le silence de la nuit, les " si seulement " résonnent. Et si j'avais remarqué quelque chose ? Et si j'avais pu la sauver ? Ces pensées me dévoraient. Le psy m'a pris la main, presque au sens figuré, et m'a murmuré : " Vous cherchez des réponses pour apaiser une douleur incontrôlable, mais il n'y en a pas. Vous n'êtes pas responsable. Certains événements échappent à notre contrôle. " Ce fut un soulagement, mais aussi une épreuve d'accepter que tout ne peut être maîtrisé.

J'ai souvent ressenti une colère sourde, une rage contre la vie, contre le destin. Pourquoi elle ? Pourquoi nous ? Cette colère est devenue une compagne, brûlante et implacable. Mais il m'a dit qu'elle avait aussi son rôle : " La colère vous empêche de sombrer dans le désespoir. Elle est une force, à condition de l'exprimer, de la libérer. " Alors, je crie en silence, je couche ma douleur sur le papier, je marche jusqu'à épuiser mes forces. Peu à peu, cette colère se transforme.

Rien ne m'avait préparé à cette solitude. Chaque pièce de la maison est imprégnée de son absence. Son rire, ses gestes, ses habitudes... tout est là, et pourtant, elle n'est plus. Même entouré, il y a ce vide, cette sensation que personne ne pourrait comprendre pleinement. Il m'a assuré que c'était normal. " Vous avez perdu une partie de vous-même. Ce lien unique, cette complicité, ne peuvent être remplacés. Mais vous n'êtes pas seul dans ce cheminement. "

Chaque jour est une bataille. Certains matins, je me lève en me demandant pourquoi. Mais dans ces moments, je repense à ces mots : " Le deuil n'est pas une ligne droite. Soyez indulgent avec vous-même. Chaque petit pas, chaque instant où vous trouvez la force de continuer, est une victoire. " J'ai appris à ne pas me presser, à accepter que certains jours soient plus sombres que d'autres. Il y a aussi ces petites étincelles, ces souvenirs qui font sourire, ces gestes simples qui ramènent un semblant de lumière.

Écrire ces lignes est une manière de transformer ma douleur. C'est son dernier conseil : " Faites de votre chagrin un acte d'amour, un hommage. " Ce billet de blog est ma façon de garder vivante la mémoire de ma femme, de transformer l'absence en une présence différente, mais toujours puissante. Elle est partie, mais son amour, lui, reste. C'est cet amour, cette force indéfectible, qui m'aide à avancer, un jour après l'autre.

Si vous traversez une épreuve similaire, sachez que vous n'êtes pas seuls. Nous marchons tous, à notre rythme, sur ce chemin difficile, mais chaque pas nous rapproche un peu plus de la lumière.

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