Je suppose que la mienne est comme la vôtre. Du moins je l’espère sinon j’e n’ai pas de pot, j’ai tiré le mauvais numéro. Prenons un exemple, ma femme a préparé le déjeuner. Oui, au fait, c’est de ma femme dont on va parler. Donc, elle a préparé le repas et je m’en régale, l’œil vif, le coup de fourchette alerte, tout trahit mon contentement. Hélas ! Car il y a un hélas ! Je ne m’appesantis pas en félicitations dithyrambiques ou exclamations particulières car si c’est bon, ça n’avait pas demandé de préparation particulièrement fastidieuse et ce n’était pas une recette particulièrement originale. Grave erreur ! J’entame à peine le dessert que les récriminations tombent, « Oui, je me décarcasse pour te faire un bon petit plat etc. » j’abrège car vous connaissez certainement les paroles de cette rengaine. Je laisse passer l’orage mais je m’interroge. Si je m’étais écrié « Oh mon amour comme c’est bon ce que tu nous as fait ce midi ! » je me serais exposé à une réplique cinglante et logique, du genre « Ah parce que les autres jours ce n’est pas bon ? ». En ne disant rien, mais en marquant mon contentement par mon attitude plus que par des mots je pensais la jouer fine, mais c’était certainement trop fin car ce n’est pas ce qu’elle attendait. Ceci dit, pour ceux qui sont pointilleux sur le dénouement, ça ne m’a pas coupé la faim et tout s’est très bien terminé. C’était juste pour faire remarquer qu’il est très difficile d’être toujours en phase avec nos chéries. Cosi Fan Tutte aurait écrit Mozart.