Ah, le Black Friday... ce grand jour où les temples de la consommation se mettent en mode hystérie, où les sirènes des promotions hurlent plus fort que la raison. En voilà une célébration qui nous incite à acheter, encore et encore, des objets dont nous n'avions pas besoin hier, mais qui, miracle de la publicité, deviennent soudain " essentiels " aujourd'hui. En 24 heures à peine, on nous convainc que le bonheur est une affaire de prix barrés, de codes promo et de panier plein. Mais au fond, à force d'y croire, n'a-t-on pas perdu notre bon sens ?
Quand la consommation devient une quête du bonheur... ou de son illusion
Parce que soyons honnêtes : que cherche-t-on vraiment quand on ajoute ce pull, ce téléphone ou cette paire de baskets au panier ? La réponse est troublante, presque cruelle. Derrière chaque achat compulsif se cache souvent une quête d'espoir : espoir d'être plus beau, plus séduisant, plus confiant, plus heureux. " Avec cette chemise, je vais réussir cet entretien ", " avec ce pantalon, je me sentirai enfin bien dans ma peau ". Mais une fois la dopamine de l'achat envolée, il reste quoi ? Un vêtement de plus dans l'armoire, un produit de plus qui finira oublié, et... une frustration tenace, celle de n'avoir rien changé.
La logique implacable du vide et du manque
Les entreprises le savent bien, d'ailleurs. Si acheter rendait vraiment heureux, y aurait-il besoin de tant de publicités, de slogans chocs, d'emailings insistants et de spots qui nous rappellent sans cesse notre " besoin " de consommer ? Si le bonheur s'achetait, nous serions comblés à chaque passage en caisse, et le marketing serait une relique du passé. Mais non, il faut sans cesse relancer, susciter le désir, l'urgence, et maintenir cette illusion : celle que l'objet suivant, le dernier modèle, l'ultime promotion, nous satisfera pour de bon.
Les dieux de la consommation : d'Amazon à Temu, l'empire de l'insatisfaction
Regardons-les, ces géants de la consommation, du colosse Amazon au nouveau venu Temu, tous nous vendent du rêve... en boîte, en carton, livré en 24 heures. Mais ce rêve, en vérité, n'est qu'une fuite en avant. Ce n'est plus le bonheur, c'est la distraction, l'éphémère, un instant d'oubli pour masquer une quête de sens non comblée. Il est temps de voir clair : ce que ces entreprises alimentent, ce n'est pas notre épanouissement, mais notre appétit insatiable pour des choses qui ne nous combleront jamais.
La planète paie la facture
Et pendant ce temps, une autre victime encaisse sans broncher. Car chaque achat, chaque livraison, chaque retour - c'est aussi un impact environnemental. Ces objets dont on se lasse si vite, notre planète en paye le prix, et elle n'en peut plus. La consommation délirante des périodes comme le Black Friday ne fait qu'alimenter un cycle d'épuisement, de destruction, et d'absurdité. Acheter, consommer, jeter - à la fin, c'est la Terre qui trinque pour notre soif insatiable de possession.
En quête d'un bonheur plus simple et plus vrai
Alors, si ce vendredi noir doit être la grande fête de l'achat facile, pourquoi ne pas faire un pas de côté, éteindre son téléphone et sortir respirer ? Ne serait-il pas temps d'abandonner ces incantations aux dieux de la consommation et de se tourner vers un bonheur plus concret, plus tangible ? Un bonheur qui ne s'achète pas en ligne, qui ne se trouve pas au rayon soldes. Peut-être que le vrai luxe, finalement, c'est de choisir de ne pas acheter. C'est de trouver en soi, et dans des plaisirs simples, la satisfaction qui manque tant à nos paniers remplis.
Redevenons des Homo Sapiens, pas des Homo Consumericus
Il est temps de se souvenir que nous ne sommes pas des " Homo consumericus ", mais des êtres sociaux, faits pour échanger, partager et créer des liens. Notre bonheur, le vrai, ne se trouve pas dans le dernier gadget ni dans le carton Amazon du jour, mais dans la chaleur des relations humaines, dans ce que l'on ressent en échangeant un sourire, en partageant un moment de rire, ou en se retrouvant autour d'une table.
Alors oui, renouer avec les autres, ça peut être intimidant, presque douloureux même. On a perdu l'habitude, on a pris le pli des écrans et des vies cloisonnées. Mais osons pousser la porte d'un bar, d'une association de quartier, d'un club de lecture ou de sport. Là, au détour d'une conversation sincère, d'un éclat de rire, on peut redécouvrir cette humanité qui nous réchauffe bien plus qu'un " panier d'achat ". Et quel bonheur ! Être soi-même, authentique, sans besoin de masque ni de filtre, sans achat ni livraison express.
Alors, osons. Discutons, rigolons, retrouvons cette tendresse de l'instant partagé, ces poignées de main, ces embrassades qui rappellent que la vie se passe ici, maintenant, et avec les autres. La vraie richesse est là, à portée de cœur, et elle ne coûte rien.
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News