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Un matin je fis cette terrifiante constatation: de l’amour, je n’aimais que la rupture. Mes relations avec le peuple fendu ne trouvaient de sens que dans la distance. Encore plus étrange, parmi les spécimens qui s’étaient invités dans mon cœur, les cuisses légères prenaient autant de place que les culs tristes
Bonnes ententes ou mauvais accord.s accompagnaient identiquement le long chemin qui conduit de la mémoire à l’oubli. La vérité était ailleurs. Plutôt que d’analyser les raisons qui séparaient nos corps, comme l’aurait fait un légiste, je me perdais en théorie sur le pourquoi, réduit à la partie ludique, de nos interactions horizontales. Sans doute parce que, si j’étais l’acteur des claps de fin, c’était elles qui étaient à l’écriture des scénari. Je ne faisais qu’obéir à la suggestion d’un regard humide. N’est-ce pas dans l’hygrométrie que ça se passe? Les larmes succèdent aux moiteurs!
Je quittais, histoire de reprendre la main sur un script dont ne n’avais pas la maitrise. Première théorie!
Ensuite, je lisais des livres de 1000 pages qui, bien lancés, auraient pu tuer un homme. Je devenais sensible à la poésie de Lautréamont et aux films avec Meg Ryan. J’étais l’aile d’un papillon qu’une divinité avait touché et qui ne volerait plus jamais. Bien vite j’abandonnais cette idée castratrice qui m’éliminait des jeux de l’amour. Il advenait que quelques femmes brillantes trouvent curiosité à l’homme terne que je savais être stratégiquement parfois. J’étais alors le crapaud réalisant, quelques nuits durant, les vœux de la princesse qui saisissait ma queue et c’est encore moi qui finissais par dire « voulez-vous bien me lâcher! »
Bien plus fertiles, les cendres de l’amour stimulaient mieux mon imagination que ses feux. Je tartinais à l’envie sur les manigances du destin qui les avaient placées sur ma trajectoire sans imaginer un instant que c’était moi qui encombrait la leur. Une fois décodés les mystères de ces rencontres dont je n’étais pas digne, je décampais courageusement. Les tristesses qui en découlaient meurtrissaient mon âme de douleurs inutiles. Mes nuits sans Kim Wilde se succédaient dans un no woman’s land vite envahie par la culpabilité. Combien de pièces rédemptrices dans des sébiles de SDF des rues de Paris ont racheté mon ignominie de ces mains que j’avais lâchées? A ce rythme là bientôt j’adopterai un chat! Des lits vides à mâcher des mots roses, la télé en permanence allumée simulait la lumière d’un interrogatoire dans un commissariat sans les baffes, je fus longtemps une jachère sur un clic clac. Livides et moroses des décennies passèrent de moisson en regain le temps de comprendre que je larguais de peur d’être largué.
« Fuir le bonheur de peur qu’il se sauve » Seconde théorie! « Si j’avais lu Lautréamont plus tôt…
Théorie alternative: quitter avant d’être quitté. A la consommation que je faisais de mes passantes, la psychologie féminine devenait sans mystère: nouvelle coiffure/nouveau mec en approche. Devançant l’humiliation d’être cornu, je pouvais commencer à rassembler mes hardes avec la dignité du mec qui dégaine en premier.
Capillairement, je ne pouvais alerter sur mon propre mal être: j’étais devenu chauve!
A la manière de Régis-Méfiez-vous des imitations-Paris Novembre 2024