Selon le dernier sondage IFOP, le moral des ménages en août est à son plus bas niveau historique depuis 13 ans. Seuls 18% des sondés pensent que le gouvernement Fillon peut encore augmenter leur pouvoir d’achat. Car il s’agit bien de cela : les français considèrent que leur pouvoir d’achat baisse sensiblement depuis quelques mois. Les élections présidentielles de 2007 ont largement contribué à ce sentiment général : Sarkozy s’est présenté comme le candidat du pouvoir d’achat et en a fait l’un des thèmes centraux de la campagne.
D’abord quelques faits économiques simples mais fondamentaux : les pouvoir d’achat augmente en moyenne tous les ans depuis 1945. Il a progressé de 4,5% pendant les Trente Glorieuses puis d’environ 2% entre 1974 et 2006 et de 3,3% l’année dernière selon l’Insee. L’augmentation du pouvoir d’achat suit donc, sur le long terme, celle de la croissance du PIB. Cela semble logique puisque le pouvoir d’achat est calculé en fonction de la somme des revenus primaires du pays, en valeur réelle, c'est-à-dire corrigé de l’inflation. On ne peut consommer que ce que l’on gagne.
Ainsi lorsque la croissance économique stagne, on observe une diminution de l’augmentation du pouvoir d’achat. C’est ce qui se produit en ce moment puisque la croissance du PIB de la France oscille autour de 2% depuis 2004 et que le FMI revoit régulièrement ses prévisions à la baisse pour les deux prochaines années.
Vouloir, comme l’a déclaré le candidat et le Président Sarkozy, augmenter le pouvoir d’achat des français revient à relancer la consommation. Or, relancer la consommation lorsque la croissance ne suit pas aboutit nécessairement au creusement du déficit extérieur français : on achète plus mais comme le pays ne produit pas autant, on achète de plus en plus de produits étrangers et la santé des entreprises françaises et donc de notre économie en souffre directement. En juin 2008, le solde commercial de la France, sur un an, a atteint les 48 milliards d’euros, montant record qui dépasse de prés d’un quart celui de 2007.
Le gouvernement actuel ainsi que le Président de la République doivent maintenant choisir entre la politisation de cette notion économique qui leur permet à peine de se maintenir dans les sondages et la résolution de la crise qui menace l’économie française. Dans le cas contraire, la promesse de campagne qui a contribué à la victoire de Sarkozy pourrait précipiter sa chute.