Rupture.s Bacalan 2016
Le wokisme est passé par là. On ne rompt plus! Enfin si, mais on ne le formule plus. On ne stocke ni ne brûle les lettres non plus, on efface.
La messagerie électronique, aussi, est passée par là. On ne réponds plus. A quoi bon jouer aux devinettes — elle ne l’a pas reçu, elle est occupée — Ce ghosting te ménage — t’avais envie d’entendre que tu n’es plus le produit de l’année?—, pas la peine de rafraîchir ta messagerie, il n’y a pas de réchauffement climatique dans cette relation
C’est un progrès. A quoi bon claquer les portes? C’est le Birkinnien « Je suis venue te dire que je m’en vais » ou pour les garçons dans la cour des petits « Retenez moi ou je fais un malheur! » on ne te retiendra pas mon grand! Mieux vaut s’effacer discrètement! Une lettre de rupture c’est toujours et encore une lettre d’amour. Au stylo plume calligraphiée, c’est un « Tu le sens mon gros raffinement !» vulgaire et pitoyable mauvais joueur. Tu as perdu. Tu l’as perdu. Non! Ce possessif est le marqueur de ton erreur. Ce n’est pas le frottement des muqueuses ou l’échange des fluides qui va pousser à prendre un crédit nid douillet. Alors tes langueurs monotones qui bercent ton cœur annoncent bien ton débarquement. Un homme à la mer, un homme à l’amer si tu aimes faire de l’esprit. Tout’ façons tu ne les relis plus ses mails mais tu n’as pas encore trouvé une bonne raison de les effacer. La chatte est en train de détruire le joint du coulissant du salon. Encore une qui cherche à attirer mon attention. Changer une litière, prendre soin d’un animal de compagnie, bienvenu dans ma nouvelle vraie vie