Le Cannabis et le CBD dans les Religions : Un Voyage à Travers les Usages Spirituels et Sacrés du Cannabis dans le Monde

Publié le 13 novembre 2024 par Mohamed El Farik @lordofcbdfrance

Cannabis et CBD dans les différentes religions : L’usage spirituel, religieux et sacré du cannabis

Le cannabis est l’une des plantes les plus anciennes utilisées dans un contexte spirituel et religieux à travers le monde. Cet usage remonte à plusieurs millénaires, où il a servi de porte d’accès à la transe, à la méditation et à des états de conscience élevés. Aujourd’hui encore, cette plante controversée continue de trouver sa place dans les pratiques spirituelles et les traditions culturelles de nombreuses religions. Dans cet article, découvrez l’impact du cannabis dans diverses croyances, ses pratiques rituelles, et comment il s’intègre dans les traditions religieuses d’hier et d’aujourd’hui.

Inde et Népal : L’Ancien Monde et la sacralité du cannabis

En Inde et au Népal, le cannabis est une plante intimement liée à la spiritualité depuis plus de 4000 ans, notamment dans les pratiques hindoues. L’Atharva-Véda, un texte sacré de l’hindouisme datant d’environ 2000 av. J.-C., mentionne le cannabis parmi les « cinq plantes sacrées ». Trois formes principales de cannabis sont distinguées et respectées pour leur lien avec la spiritualité :

  • Bhang : Consommé en infusion ou en boisson, le bhang est traditionnellement utilisé durant les fêtes religieuses.
  • Ganja : Cette préparation des feuilles et sommités de la plante est généralement fumée pour des pratiques plus intimes.
  • Charas : Résine extraite de la plante, le charas est réservé à des rituels spécifiques, souvent par des ascètes et des dévots de Shiva.

Dans la tradition hindoue, le cannabis est associé à Shiva, une des divinités les plus vénérées. Consommer du bhang pendant le festival de Maha Shivaratri ou fumer du charas est une manière pour les yogis et sâdhus de se rapprocher du divin. Ces substances sont considérées comme des offrandes pour aider au Sadhana, un voyage spirituel intérieur. À chaque festival, cette tradition est respectée malgré les lois modernes qui en limitent l’usage. L’impact du cannabis ne se limite pas à l’Inde. Sa propagation en Népal, notamment pendant le festival de Holi, est une manifestation de la sacralité de cette plante.

Bouddhisme : La recherche de la modération

Le bouddhisme tient un discours nuancé sur l’usage du cannabis. Dans les enseignements bouddhistes, le cinquième précepte recommande de « s’abstenir de substances intoxicantes » qui mènent à l’insouciance, ce qui pourrait englober le cannabis. Cependant, l’usage de cette plante n’est pas systématiquement interdit. Dans les écrits tantriques bouddhistes, le cannabis est parfois mentionné pour ses propriétés médicinales.

Des traditions tantriques spécifiques permettent l’utilisation du cannabis dans des rituels de méditation pour ses effets apaisants, bien que ces pratiques demeurent peu communes et limitées à certaines écoles ésotériques. Le Tantra de Mahakala accorde une place spéciale aux plantes psychoactives pour des traitements spirituels et médicinaux. Cela souligne l’approche pragmatique et nuancée du bouddhisme, qui n’approuve ni ne condamne totalement l’usage du cannabis, laissant aux adeptes la liberté de l’adopter selon leur quête spirituelle.

Afrique : Le culte du chanvre et les traditions spirituelles

Sur le continent africain, le cannabis possède une longue tradition spirituelle. Dans certaines tribus, la plante était utilisée à des fins curatives et rituelles, comme pour soulager des douleurs ou traiter des affections diverses. Le roi de la tribu Baluka au Congo a instauré un culte autour du Riamba, ou le cannabis, comme une alternative à l’adoration des fétiches, utilisant des pipes faites de courges pour les rituels.

Les Bashilenge du Congo ont élevé l’usage du cannabis au rang de culte religieux. Appelés « Bena Riamba » ou « les fils du chanvre », ils célébraient des rituels sacrés autour du cannabis, le consommant abondamment pour honorer leur culture. Les pipes de chanvre prenaient une importance symbolique et étaient utilisées lors de traités de paix, d’accords commerciaux et de cérémonies de guerre. Chez les Bashilenge, le cannabis représentait à la fois la vie et l’amitié, unifiant les membres du clan dans un esprit de fraternité et de paix.

Chine ancienne : Le cannabis dans le taoïsme et le chamanisme

En Chine, l’usage du cannabis remonte à des époques antiques, avec des traces d’utilisation chamanique et taoïste. Le cannabis est mentionné dans des écrits taoïstes où il est associé à des pratiques spirituelles pour atteindre des états de conscience mystique. Selon l’encyclopédie taoïste Wushang Biyao, le cannabis était utilisé dans des encensoirs lors de rituels. Cette pratique permettait aux adeptes de communiquer avec les esprits et d’alléger leur corps, se sentant en communion avec le divin.

Le célèbre sinologue Joseph Needham a exploré le lien entre la déesse Ma Gu, connue sous le nom de la Demoiselle de chanvre, et le cannabis. Dans la tradition taoïste, Ma Gu était vénérée pour ses pouvoirs magiques, et des rituels de collecte de cannabis avaient lieu sur la montagne sacrée de Tai Shan. À travers cette figure mythologique, les taoïstes voyaient dans le cannabis un moyen de se connecter à un monde invisible, mais également un symbole de pureté spirituelle.

Les peuples d’Asie centrale et les traditions scythes

Les anciens peuples nomades d’Asie centrale, notamment les Scythes, ont joué un rôle crucial dans la propagation de l’usage spirituel du cannabis. Les écrits d’Hérodote rapportent que les Scythes utilisaient des bains de vapeur au cannabis pour se purifier après des batailles. Ce rituel, qui consistait à jeter du cannabis sur des pierres chauffées pour produire de la vapeur, permettait aux participants d’atteindre un état d’euphorie collective et de relâchement.

En plus des Scythes, d’autres tribus d’Asie centrale ont intégré le cannabis dans leurs pratiques spirituelles, le considérant comme un pont vers le monde des esprits. En créant un environnement propice à la méditation et à la transe, ces peuples ont transmis leur savoir aux cultures environnantes, influençant les pratiques rituelles de régions lointaines.

L’usage moderne et l’héritage des hippies

Avec la montée du mouvement hippie dans les années 1970, l’usage spirituel du cannabis a gagné en popularité en Occident. Des voyageurs, de retour d’Inde et du Népal, ont introduit en Europe et en Amérique du Nord les pratiques de méditation et de consommation de cannabis comme moyen de libération spirituelle. Ce retour aux origines mystiques a été propulsé par le mouvement Rastafari, qui voit dans le cannabis un outil sacré pour se rapprocher de Jah et s’élever spirituellement.

Les Rastafari considèrent que le cannabis, souvent appelé ganja, est un cadeau de Dieu destiné à purifier l’âme et à accéder à un état de conscience éveillée. Consommer du cannabis devient alors une expérience sacrée qui s’intègre aux rituels, aux chants et aux prières, visant à renouer avec la livity, une philosophie de vie qui prône l’harmonie avec la nature et la justice.

L’Usage du CBD dans les Religions Monothéistes : Judaïsme, Christianisme et Islam

Le CBD et les religions monothéistes, telles que le judaïsme, le christianisme et l’islam, partagent des approches variées concernant l’usage des plantes et substances naturelles pour des fins de bien-être et de guérison. En général, les textes sacrés de ces religions n’abordent pas directement les cannabinoïdes comme le CBD, car ceux-ci n’étaient pas isolés à l’époque, mais les principes religieux peuvent guider leurs adeptes dans la compréhension de l’usage de telles substances.

Judaïsme et CBD

Par exemple, dans le judaïsme, les textes de la Torah mettent en avant des pratiques de guérison naturelles, et la Halakha (la loi juive) valorise le bien-être et la santé, tant qu’ils sont utilisés de manière modérée et sans altérer la conscience de manière significative. Le CBD, en raison de ses propriétés non-psychoactives, est souvent considéré comme acceptable dans ce contexte, surtout pour soulager la douleur et l’anxiété.

Christianisme et CBD

Dans le christianisme, bien que les opinions varient selon les branches de la religion, l’usage de substances naturelles pour soulager la souffrance peut être perçu positivement, en accord avec les enseignements de compassion et d’aide aux souffrants. De nombreux chrétiens se réfèrent aux versets de la Bible qui parlent de l’utilisation des plantes pour la guérison. Le CBD, étant non addictif et dénué de propriétés psychoactives, peut donc être accepté par beaucoup de croyants comme un moyen légitime de promouvoir la santé et d’améliorer la qualité de vie, à condition que son usage soit modéré et responsable.

Islam et CBD

Quant à l’islam, l’interprétation religieuse de l’usage du CBD peut varier en fonction des écoles de pensée et de l’opinion des érudits islamiques. En règle générale, les substances psychoactives comme le THC sont prohibées dans l’Islam en raison de leurs effets sur la conscience, mais le CBD, qui ne produit pas de tels effets, peut être perçu différemment. Les bienfaits potentiels du CBD en termes de soulagement de la douleur et d’amélioration du bien-être sont parfois autorisés par les érudits, en particulier s’il est prouvé que l’usage n’entraîne pas d’addiction ni de comportements nuisibles. Dans ces trois religions, l’accent est mis sur une utilisation mesurée et respectueuse de la santé, pour que l’usage de tels produits s’aligne sur leurs principes spirituels et éthiques.

Conclusion : Un lien indissociable entre le cannabis et la spiritualité

À travers les siècles et les continents, le cannabis a été un vecteur de spiritualité pour de nombreuses cultures et religions. Il incarne une source de guérison autant pour le corps que pour l’esprit, ouvrant la voie vers des états de conscience élevée. Des mystiques hindous aux sages taoïstes, des chamans africains aux Rastafaris, le cannabis a servi de moyen de communion entre l’homme et le divin. En résonnant avec des traditions anciennes, il continue d’être pour certains une plante sacrée, un pont vers le monde spirituel, reliant les pratiquants d’hier et d’aujourd’hui dans une quête universelle de sagesse et de transcendance.