Quatrième de couverture :
Comment Mary Barsad, si douce, a-t-elle pu abattre son mari de sang-froid ? Elle a tout avoué. Et les mobiles ne manquent pas : infidèle, magouilleur, il aurait peu avant sa mort enfermé les chevaux de course auxquels elle tenait tant dans sa grange, avant d’y mettre le feu. Mais le shérif Walt Longmire se méfie des évidences. À Absalom, Wyoming, il décide de mener sa propre enquête…
Ce n’est « que » le cinquième roman de Craig Johnson, « que » la cinquième aventure du shérif Walt Longmire que je lis et bien sûr, je suis toujours aussi heureuse de le retrouver mais aussi j’admire comment l’auteur sait diversifier ses sujets et sa manière d’écrire. Ici il sera question d’alterner la narration entre deux périodes distantes d’une dizaine de jours seulement, l’une où l’on comprend vite que Walt enquête « sous couverture » (il n’est pas hyper doué pour la chose et la ville d’Absalom, Wyoming où il se trouve n’est pas la cité idéale pour ne pas se faire reconnaître) et l’autre où on apprend pourquoi le shérif est parti enquêter hors de son comté d’Absaroka. Il veut comprendre pourquoi Mary Barsad soutient mordicus qu’elle a tué son mari après que celui-ci ait incendié son écurie et ses chevaux tant aimés, alors que le « non verbal » de cette jeune femme tend à prouver le contraire, du moins à se poser de sérieuses questions. Au cours de ses investigations, Walt sera confronté à une frange émouvante de son passé ; il sera aidé par un vieil homme et un jeune apprenti cow-boy effronté mais courageux ; comme souvent dans la trame narrative de Craig Johnson, le shérif va résoudre son enquête au terme d’une longue course contre les éléments, cette fois accompagné par une bête de compétition. Et il comprendra un peu à ses dépens comment on travaille vraiment « sous couverture ».
Désormais, je ne m’imagine plus Walt Longmire autrement que sous les traits de son créateur, avec sa carrure de costaud, son chapeau indévissable et son visage empreint de force et d’une bonté inébranlable.
« Je sentais son regard posé sur moi. Il devait observer la cicatrice au-dessus de mon oeil, celle qui barrait mon cou, mon oreille avec un petit morceau manquant, mes mains, et surtout il devait essayer de décrypter l’insouciance qu’on acquiert après un quart de siècle passé avec une étoile épinglée à la poitrine. Je hochai la tête, les yeux rivés sur l’autre berge, de l’autre côté du pont, avant qu’il puisse m’examiner plus avant. »
« Ma mère m’avait inculqué à un très jeune âge une leçon qui s’était renforcée avec mon expérience au Vietnam et mes vingt-quatre années en tant que shérif du comté d’Absaroka. Elle disait que je devais protéger et chérir les jeunes, les vieux et les infirmes, parce qu’à un certain moment je serais tout cela à la fois, avant que s’achève mon propre voyage. »
« C’était mon père qui m’avait appris à parler aux animaux. Je me demandai qui avait appris à Mary Barstad. D’après lui, ils comprenaient bien plus de choses qu’on ne le pensait. Je me souviens de lui parlant aux chevaux qu’il ferrait d’une voix douce et rassurante, expliquant le traitement qu’il allait leur infliger. Il disait que c’était une des choses que nous leur devions en échange de leur loyauté absolue, infaillible, accordée sans réserve. Il disait que l’extérieur d’un cheval est toujours bon pour l’intérieur d’un homme. »
Craig JOHNSON, Dark Horse, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, Points, 2015 (Editions Gallmeister, 2013)