On ne rhabille pas la réalité.
Même en lui collant un sourire rempli de fausses dents.
Même en parfumant au Chanel ses impasses fétides; sous les effluves florales et délicatement poudrées flotteront toujours les relents douceâtres qu’exhale un tas d’ordures abandonné.
Des visages béants
Des chiens errants
De la faim
Du froid
Le néant aux éclats de charbon où se reflètent les enseignes trop éclairées de la vie rêvée, des corps éclatants et des plages émeraude.
Le néant aux éclats clinquants.
Nos entrepôts remplis de vide. Nos entrepôts toujours plus gros. Toujours plus de kilomètres à parcourir, un écran dans l’œil, un chronomètre au cul pour livrer le nécessaire superflu. Un paquet de matière rare, un objet non désiré, échoué pour une éternité sur des plages anodisées pendant que des immeubles pimpants sillonnent les océans. À chaque étage sa piscine qui filtre les résidus d’ambre solaire, on pourrait boire la tasse, on n’est jamais trop prudent.
Mais à fond de cale, une main noircie active le mécanisme et 4000 chasses d’eau se déversent dans la mer.