Après le récent rachat de JellyFish, les plans e-commerce de Microsoft restaient se heurter à un certain scepticisme, sur sa capacité à contrer Google, et à convaincre suffisamment d'internautes des bénéfices du cash back.
Mais il ne s'arrête pas là, et pourrait bien avoir trouvé la voie pour escalader ou contourner cette barrière, en faisant l'acquisition de l'une des plus massives et actives communautés d'aficionados du shopping en Europe : Ciao.com
Comparaison de prix et avis de consommateurs
Microsoft vient en effet de conclure un accord de rachat de Greenfield Online pour 486 M de dollars (330 M €). Il n'en conservera paradoxalement pas l'activité principale d'enquêtes et études de marché, ne visant que l'éditeur multi-sites Ciao, propriété de GmbH depuis 2005.
Ciao, c'est un positionnement un peu particulier, à mi-chemin entre le portail d'avis consuméristes (concept initial) et la comparaison de prix. Ce sont 2.200 partenaires marchands, 4 M de produits, 26 M de visiteurs mensuels et une implantation dans 7 pays et, surtout, une communauté massive d'internautes et de contributions (5 M d'avis, témoignages et expériences d'achat)
A défaut du search, sa facette shopping
Aucune acquisition ne pourrait véritablement permettre de concurrencer Google. La pertinence de celle-ci, est en revanche de l'attaquer sur un point faible, en y devenant expert : l'e-commerce.
Microsoft vient ainsi de finir de se donner les moyens d'intégrer un très large éventail d'outils à ses services (comparaison, cash back, avis et notations d'internautes), visant à devenir l'outil incontournable et préféré des internautes en matière de shopping en ligne.
Outre un marché et la faculté à le pénétrer selon le degré de maturité de chacun des 7 pays concernés ; une infrastructure et un réseau commercial étendus ; et une large base de connaissances sur les habitudes de consommation européennes, il va aussi d'acquérir l'une des communautés d'internautes les plus anciennes et les plus rodées en matière d'e-commerce.
Ce rachat lui ouvre en effet l'accès à un non moins large volant de compétences internautes : communauté structurée, expérimentée et active dans la production d'avis et conseils d'achats, et âmes déjà conquises à exploiter au mieux les ressources du social e-shopping. Ressources que les outils sociaux (Facebook) et les technologies mobiles ne manqueront pas de continuer à renforcer dans les années à venir. (Microsoft vient aussi de se rapprocher de Mobicomp, éditeur portugais de logiciels de synchronisation de données Web - mobile, via et vers les réseaux sociaux).
Enfin, l'acquisition de Ciao serait également la dernière étape pour étendre massivement le cash back à l'Europe, techno de partage des commissionnements marchands avec les internautes, d'ores et déjà intégrée au Live Search US, et dont le but est de convaincre les internautes de l'intérêt à utiliser Live Search.
Les intermédiaires e-commerce, guides d'achat, comparateurs de prix, et programmes de fidélisation multi-enseignes, n'ont qu'à bien se tenir : dans une démarche intelligente pour maintenir une position tenable face à Google, Microsoft s'offre une complétude d'outils et services d'aide au shopping, veut améliorer l'expérience consommateur en couvrant mieux, plus finement, et de bout en bout le process d'achat, et s'en prend donc ainsi à leur gagne-pain. Ne reste plus qu'à gagner les friches inexplorées de l'offline et de la mobilité, ou à développer des expertises sectorielles plus pointues, pour résister à la menace ?