Traduit de l'anglais (Ecosse) par David Fauquemberg aux éditions Métailié (2008)
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2008
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
"(...) le voyageur (...) devient un autre homme, qui appartient un peu aux lieux dans lesquels il se rend. C'est justement cet aspect-là, cette appartenance, que je ne parviens jamais à rendre quand je m'adresse aux gens qui sont restés à la maison. Peut-être parce que je n'arrive pas à l'exprimer clairement. Ou peut-être parce qu'ils ne veulent pas savoir."
"(...) Un seul d'entre nous est incapable de faire comprendre tout un pays à un autre pays." (p. 82)
Fuyant ses échecs dans sa vie amoureuse comme dans le monde littéraire, Adam Kellas accepte de devenir grand reporter britannique en Afghanistan. Il y croise la mort mais aussi l'amour en la personne d'Astrid, journaliste américaine très indépendante. Alors, quand il reçoit un jour un mail d'elle à Londres, il saute dans le premier avion à destination de New-York signer un contrat avec une grande maison d'édition pour son futur best-seller et retrouver en pleine tempête de neige, sur une île, Astrid...
L'incommunicabilité entre les humains semble être le thème principal de ce roman, à la croisée entre le journalisme documentaire et l'histoire d'amour. D'abord entre les journalistes étrangers et les guides et interprètes afghans qui les côtoient : en constituent des exemples la discussion entre Kellas et Mohammed sur ce qu'est être libre, leur expérience de la mort. Ensuite entre ces mêmes journalistes et tous ceux qui ne connaissent de la situation que ce qu'ils en lisent dans la presse : la scène du dîner londonien qui tourne à la catastrophe en est l'acmé. Enfin entre un homme et une femme, entre Kellas et Sophie puis Astrid, l'image qu'il s'est créé d'elles ne correspondant pas à une réalité plus ordinaire ou imparfaite.
"Si seulement il avait eu ce genre de téléphone capable de prendre des photos, un an plus tôt en Afghanistan, il aurait eu un portrait d'Astrid. Peut-être était-il préférable pour lui de ne pas en avoir. Astrid n'aurait pas vieilli. Elle avait trente-quatre ans alors. Mais la nature d'un être humain n'apparaissait que dans le mouvement, le changement, ce qui faisait de l'immobilité propre aux photographies une sorte de mensonge." (p. 35)
Un bon roman parmi cette rentrée littéraire, qui jette un regard ironique et désillusionné sur les relations humaines et internationales.
MEEK, James. – Nous commençons notre descente / trad. De l’ang. (Ecosse) par David Fauquemberg. – Métailié, 2008. – 334 p.. – (Bibliothèque écossaise). – ISBN 978-2-86424-657-2 : 21 €.