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Des jeunes fatalistes face à la fraude ?

Publié le 09 novembre 2024 par Patriceb @cestpasmonidee
ABN AMRO Quand ABN AMRO interroge la prochaine génération d'adultes sur leur rapport à la fraude (financière ou autre), leur ignorance éclate au grand jour. Si leurs lacunes ne constituent pas une surprise dans un contexte d'immaturité généralisée, relativement normale, leur attitude lorsqu'ils deviennent victimes a de quoi sérieusement inquiéter.
Comparés à leurs aînés, les 15-17 ans sur lesquels la banque a porté son attention sont plus susceptibles de tomber dans les pièges que leur tendent les cybercriminels. Leur propension naturelle à prendre des risques entre probablement en jeu dans ce constat mais, avant tout, leur méconnaissance des dangers – reconnue par plus de trois quarts d'entre eux –, qui en conduit même un sur quatre a ne pas s'inquiéter le moins du monde, représente un facteur particulièrement important de fragilité.
Cependant, le plus grave est leur réaction quand survient l'incident. En effet, seulement un tiers de ceux qui subissent un préjudice prennent la peine de déclencher un signalement auprès d'une autorité, que ce soit la police ou la banque, dans le cas où celle-ci est impliquée. Bien sûr, il est possible que les montants de leurs pertes soient plus faibles que pour les adultes, justifiant une certaine désinvolture, mais ABN AMRO y voit aussi une marque de fatalisme, vis-à-vis d'un phénomène devenu inévitable.
Dans un registre plus psychologique, d'autres mécanismes sont peut-être à l'œuvre. Le premier tiendrait au sentiment de honte d'avoir succombé à une arnaque, entraînant des réticences à admettre les faits lors d'un dépôt de plainte. Autre hypothèse, complémentaire de la précédente et qui intervient également dans l'éducation financière, le silence qui entoure le sujet – un jeune sur deux n'en parle jamais – renforce encore l'effet de bulle des interactions en ligne, dans laquelle l'utilisateur reste isolé.
ABN AMRO – Fraude
Ces observations invitent à se pencher sur des solutions adéquates, car, au-delà de leur impact sur leurs victimes directes, les fraudes non déclarées réduisent la capacité des acteurs concernés à déployer des mesures de protection pour les autres consommateurs : par exemple, comment bloquer les paiements vers un site marchand illégal s'il n'est pas identifié comme tel ou comment repérer un nouveau genre d'arnaque en l'absence de données suffisantes permettant de le caractériser ?
Deux catégories de réponses sont envisageables. Il s'agirait d'abord de développer l'information à l'intention des adolescents, aujourd'hui potentiellement exclus des campagnes de prévention car considérés comme moins exposés, ne serait-ce que par leur accès bancaire limité. Non seulement devraient-ils être prioritaires sur l'éducation initiale aux gestes de sécurité mais il faudrait leur inculquer l'importance de partager leurs mésaventures (un peu, à un degré différent, comme pour le harcèlement).
Par ailleurs, les modalités de signalement vaudraient d'être revisitées, afin de les adapter aux habitudes des générations « digitales ». Pour quelqu'un qui vit dans l'instant et s'attend à des services toujours disponibles, au bout des doigts, il paraîtra toujours vain de rechercher et remplir un formulaire sans fin… pour une démarche dont elle ou il n'attend rien personnellement. La mise en place d'outils simplifiés de déclaration et leur diffusion massive sont impératives afin d'espérer progresser dans la lutte.

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