Sarah Palin, la très sportive et très catholique colistière de John Mc Cain, est une femme de tempérament. Elle est
farouchement opposée à l'avortement et le dit haut et fort. Elle est aussi, l'un va rarement sans l'autre, à fond pour la peine de mort. Gouverneur (e) de l'Alaska, ces arpents de neige, elle
rêve des puits de pétrole que l'on pourrait y forer. La néo puissance de l'Amérique jaillirait à jets continus des entrailles de la terre, au grand plaisir de Dieu sur son nuage. Jusque là, rien
que de l'ordinaire. Des dizaines de millions d'Américains se reconnaissent dans cette femme qui en a. Mais tout de même ! L'image de la "belle" tirant au fusil d'assaut avec une jubilation quasi
enfantine m'inquiète. Certes, elle saurait défendre son mari et leurs cinq enfants. L'Alaska, c'est bien connu, est un inexpugnable coupe-gorge. Les élans, eux-mêmes, dépravés, ourdissent contre
les loyaux citoyens dans l'ombre du blizzard. Et puis les Russes ne sont pas loin. Voilà une menace qui justifie qu'on arme les gosses de pistolets-mitrailleurs. En regardant cette image, je me
suis posé la question de la cible. Who is the target ? On ne la voit pas. On l'imagine. Un probable morceau de carton se charge de tous les fantasmes. La cible de Sarah, c'est n'importe qui. Les
bicots barbus, les nègres mal rasés, les pédés, les athées, les écolos, les cocos, les anarchos, les intellos. En voilà du monde à flinguer. Alors je me pose une deuxième question. La nuit, quand
les rêves les plus innommables plombent le sommeil de Sarah, se voit-elle dézinguer Barack Obama ? Bon sang, que l'Amérique est jolie !