[Cinemania] Langue étrangère de Claire Burger

Par Mespetitesvues

L'histoire: La timide Fanny, 17 ans ( Lilith Grasmug), se cherche encore et peine à se faire des amis. Un séjour linguistique en Allemagne lui permet, pour quelques semaines, de sortir de son quotidien strasbourgeois morose, entre un père diplomate sans arrêt absent (Jafal Altawil) et une mère trompée qui encaisse les coups sans rien dire (Chiara Mastroianni). Sa rencontre avec sa correspondante Lena (Josefa Heinsius), 17 ans aussi, et sa mère (Nina Hoss), va changer beaucoup de choses. Profondément troublée, Fanny est de plus en plus attirée par Lena, adolescente rebelle qui rêve de s'engager politiquement.

Passage à Cinemania: le 8 novembre 2024 - Sortie en salle au Québec: inconnue

Mon avis

Claire Burger s'était faite remarquer en 2013 pour son très joli Party Girl, récit de libération d'une soixantenaire cherchant toujours à plaire, et avait confirmé sa délicatesse dans le non moins joli C'est ça l'amour, mettant en vedette Bouli Lanners en père aimant et attentionné.

Pour Langue étrangère, son nouveau long métrage, la forbachoise s'est adjointe les services de Léa Mysius (scénariste d' Emilia Pérez et de Roubaix, une lumière et réalisatrice du puissant Ava, en 2017) pour tisser les fils de cette romance lesbienne estivale, en forme de réflexion sensible sur les fardeaux que portent des personnages féminins forts, tenaillés par la dépendance (à l'alcool, au père, aux codes sociaux), par le poids des non-dits ou par les drames familiaux.

Parmi tous les thèmes abordés, tous contemporains et pertinents, la dimension politique est celle qui m'a paru la plus intéressante et la mieux développée. Habitant à Leipzig, haut lieu de la gauche alternative, la jeune allemande, éprise de liberté, de valeurs écologiques fortes et de justice sociale, devient progressivement le phare dans la nuit pour la jeune française un peu timorée. À son contact, celle-ci va finir par s'affranchir de ses carcans, allant même jusqu'à s'insurger contra sa mère qui ferme trop facilement les yeux sur les mensonges de son mari.

Pour le reste, et bien que porté par deux comédiennes convaincantes (notamment Lilith Grasmug, découverte dans de Carmen Jaquier), Langue étrangère est parfois un peu trop prévisible, parfois un peu trop brouillon en raison de l'importante quantité de sujets, au sein desquels les troubles de mythomanie de Fanny tiennent une place importante, mais qui auraient mérité d'être abordés avec un peu plus de profondeur psychologique.

Cela dit, Langue étrangère parvient tout de même à livrer une sincère et touchante histoire d'amour entre deux jeunes européennes à la croisée des chemins, unies malgré leur tempérament opposé par l'impérieux désir de ne pas reproduire les erreurs de leurs aînés, en particulier celles de leurs mères.