La découverte du feu
Edouard et Vania, les deux héros du célèbre roman de Roy Lewis "Pourquoi j'ai mangé mon père", nous racontent avec beaucoup d'humour la découverte du feu à partir de feux naturels, initialement récupérés lors d'incendies de forêts dus à la foudre ou après des éruptions volcaniques, comme par exemple en Afrique orientale ou en Auvergne.
On ne sait pas depuis quand les Hommes ont été capables de produire du feu, mais les premières traces de feu domestiqué incontestables sont des structures de combustion datant d'environ 500'000 ans.
Le feu rapproche les hommes qui aiment à se regrouper autour de cette source de chaleur et de lumière pour partager un rôti, palabrer ou chanter à la veillée. Il a sans nul doute dû jouer un rôle central dans la vie sociale et peut-être favoriser le développement de la communication et du langage. Savoir faire du feu a considérablement amélioré le confort de nos ancêtres.
Avant l'invention des allumettes (qui ne date que du 19 e siècle), les hommes ont utilisé différentes techniques pour produire du feu. Au Paléolithique, on pouvait le produire par friction (à partir de la chaleur produite par le frottement d'un morceau de bois tendre sur un bois dur) ou par percussion (étincelles nées du choc d'une pierre dure comme le silex sur une pierre ferrugineuse comme la pyrite).
C'était d'autant plus difficile qu'on se trouvait dans un milieu humide, et il était probablement beaucoup plus facile de conserver le feu en l'entretenant constamment pour ne pas le laisser s'éteindre. On imagine que des tribus qui ne savaient pas le faire ont pu essayer de se le procurer auprès d'autres technologiquement plus avancées. C'est l'histoire de "La guerre du feu", racontée par J.H. Rosny Aîné dans son "Roman des âges farouches" et porté à l'écran par Jean-Jacques Annaud en 1981.
Se chauffer
Dans sa nouvelle "Construire un feu", Jack London, romancier américain du début du 20 e siècle a magnifiquement décrit la lutte contre le froid, pour la survie dans le grand Nord de l'Alaska. Cette lutte a été de tout temps : au Paléolithique les Hommes vivaient dans un environnement beaucoup plus froid qu'actuellement en Europe, et se chauffaient à l'aide de foyers. Cette maîtrise du feu a permis le peuplement des régions septentrionales inhospitalières, ayant un climat très rigoureux en hiver.
Les foyers, aménagés en cuvette ou délimités par de gros blocs de pierre ayant pour rôle de contenir le feu et les braises, étaient au centre des activités domestiques. Différents types de structures de foyers peuvent être définis selon leurs fonctions. Les combustibles employés étaient le bois et l'os. Mais tous les bois n'ont pas le même rendement calorifique. L'étude des charbons de bois qui se sont conservés jusqu'à nous, nous renseigne sur les espèces d'arbres utilisées.
Contrairement à certains animaux qui vivent cachés le jour et sortent pendant la nuit, comme le renard, l'oryctérope en Afrique, hiboux et les chouettes, les hommes s'activent du lever au coucher du soleil. Pour prolonger ses activités plus tard dans la nuit, l'homme a besoin de lumière. Au Paléolithique il disposait de trois types de source de lumière : les lampes, les torches et les foyers.
La présence de foyers dans un habitat permettait de disposer de lumière après le coucher du soleil. A l'inverse des foyers qui sont fixes et ont d'autres fonctions domestiques, les lampes et les torches étaient mobiles et jouaient le rôle de nos bougies et lampes de poche actuelles.
Les lampes étaient en pierre, constituées d'une partie creuse en forme de godet où on mettait de la graisse animale (cheval, aurochs, renne, etc.) à brûler et une mèche qui pouvait être en matière végétale comme le lichen ou la mousse, et souvent d'une partie formant un manche pour la préhension.
De nombreuses lampes paléolithiques ont été retrouvées, leur utilisation permit aux premiers artistes de s'enfoncer dans les grottes pour peindre et graver sur les parois et probablement y pratiquer des rituels. Certaines lampes ont été décorées, c'est le cas de celle trouvée dans la grotte de Lascaux en Dordogne.
La cuisson des aliments
Au début de l'Humanité les hommes ne maîtrisaient pas le feu et ne disposaient pas d'armes suffisantes pour chasser les grands herbivores avec beaucoup d'efficacité. Ils étaient des charognards récupérant des animaux crevés et mangeant de la viande faisandée.
Au cours du Paléolithique, l'Homme
est devenu un chasseur de plus en plus expérimenté, disposant d'armes de plus en plus efficaces. Il a ainsi pu acquérir du gibier frais et la cuisson de la viande crue a très certainement
facilité sa digestion. Le feu éloigne les animaux dangereux comme les serpents, ou les grands carnivores attirés par des odeurs de carcasses dépecées.
Les aliments étaient cuits en grillades, rôtis (à la broche), sur les braises, à l'étouffée, ou bouillis à l'aide de pierres chauffées. Les viandes pouvaient aussi être fumées, ce qui permettait leur conservation.
Le feu, une énergie de transformation
L'homme a découvert que le feu pouvait lui permettre de transformer une matière première brute. Plusieurs millénaires avant l'invention de la céramique et de la métallurgie, les hommes ont chauffé préalablement des rognons de silex : le silex chauffé change de couleur et de texture, il devient plus facile à débiter et à retoucher. On a ainsi obtenu de très beaux objets comme les pointes solutréennes appelées par les préhistoriens "feuille de Laurier".
L'ocre rouge est une matière première rare dans la nature, mais fréquemment utilisée par les hommes du Paléolithique pour le traitement des peaux, ou à des fins esthétiques (peintures corporelles et sur les parois des grottes). Cet ocre rouge a souvent été obtenu par chauffage de l'ocre jaune. Le feu a également pu servir à fumer les peaux de bêtes pour en faciliter le tannage, comme on peut le voir chez certaines populations de chasseurs-cueilleurs actuels