Certes à gauche, il est de bon ton de critiquer Nicolas Sarkozy et notamment sa soi-disant volonté d'ouverture.
Certes à gauche (enfin dans une certaine partie de la gauche), il est de bon ton de dire que Dominique Strauss-Kahn n'est pas vraiment de gauche.
Mais quand le président de la République propose DSK à la présidence du FMI en considérant qu'il est "le plus apte pour ce poste" pour lequel il "faut avoir une forte crédibilité, une expérience incontestable, être polyglotte", il serait dommage de tomber dans la caricature d'opposition systématique. Bien entendu cette proposition continue de mettre à mal le PS (qui n'a de toute façon pas besoin de cela...). Mais on est loin, très loin, de la nomination de quelques traîtres en rupture de bans avec leur parti et rongés par l'ambition ministérielle qui ont accepté des ministères ou sous-ministères il y a quelques semaines. Au lieu de hurler comme des putois (on les a d'ailleurs moins entendus quand il s'agissait de condamner les propos vomitifs de Georges Frêche), les éléphants du PS devaient plutôt se réjouir que l'un des leurs puisse prendre la tête du FMI et peut-être y impulser une politique issue de leur parti... Bertrand Delanoë ne dit d'ailleurs pas autre chose : "si un Français peut diriger le FMI, tant mieux. Et si c'est Dominique, je sais qu'il en a tout à fait les compétences". Ouf, la raison l'emporte encore quelques fois à Solferino.
Bien sûr, il ne faut non plus se voiler totalement la face quant à d'éventuelles arrières pensées politiques venant de l'Elysée. C'est ce que fait pour une fois très bien François Hollande qui évite ainsi le manichéisme quand il insiste justement sur le fait qu' "il ne faudrait pas qu'une possibilité qui serait offerte à l'Europe et à la France de diriger le Fonds monétaire international puisse être utilisée à des fins de politique intérieure", tout en reconnaissant que "Dominique Strauss-Kahn a une compétence financière reconnue à l'échelle internationale", avant
d'ajouter : "je ne sais s'il sera lui-même candidat. Ce que je sais, c'est que les chefs de gouvernement européens ont cité son nom".
Et si pour une fois le doute bénéficiait pour un temps au chef de l'Etat : et si Nicolas Sarkozy n'avait choisi que le meilleur pour le poste (Alain Juppé aurait sans doute fait l'affaire tout en étant de droite, si ce n'était ses déboires judiciaires et, plus récemment, électoraux) ???