Vaste sujet dans le monde des vinophiles en général et les vino-bloggueurs en particulier. Un excellent exposé nous était déjà offert il y a quelque temps par Philippe Rapiteau - La Pipette - sur son blog, qui poussait le soupir: Minéralité, que n'a-t-on pu dire en ton nom!?... avant de répondre à son habituelle manière bien fournit en sources et images - un must sur le sujet.
Plus anectdotique, je vous en avais donné un exemple "historique" dans mon texte
Le goût du terroir? - qui, est-ce un hasard - finnissait aussi par un point d'interrogation bien médité.J'admets, que je n'ai pas encore fait l'expérience, que je vous avais promis de faire à la fin de cet article - et pourtant, on goûte beaucoup de choses chez les vigneronnes, vous n'avez qu'à lire le blog de Corinne Comme pour cela.
Les images des sols (qui reflètent visiblement encore bien leur sous-sol à Lisson, tellement les cailloux affleurent partout) ne manquent pas
sur ce blogJ'en prends souvent au fil de mes balades dans la vigne.
Il y a des schistes de toutes les couleurs, les calcaires, les "mixtes"...
Encore plus de couleurs, si on regarde les cartes géologiques de la région, comme j'aime les étudier depuis ma formation en viti-oeno dans les années 80:
comme les suivantes, qui sortent toutes du livre "Terroirs et Vins de France - Itinéraires oenologiques et géologiques" édité du BRGM
en 1986, une mine de renseignements!et vous voyez bien, que la différence des régions viticoles s'explique au premier vu d'oeil...
Bordelais Bourgogne Beaujolais Val de Loire
et que le Languedoc Roussillon est loin de pouvoir être considéré comme une région homogène - même le fameux climat méditerranéen se scinde ici en autant de micro-climats qu'il y a des différences de relief...
Et même une si petite surface que le minuscule vignoble sur la colline de Lisson est encore coupé au moins en deux, rien que par le caractère de son sous-sol:
On trouve au moins trois variantes:
calcaires noduleux de la dolomitisation secondaire du dévonien
le Schistes flychoides du ordovicien inférieur
et du dévonien basal détritique entre les deux.
Pas la place, de vous expliquer tout cela ici - je travaille dessus, parce que cela m'intéresse - même si je ne crois personnellemnt pas, qu'on retrouve la différence dans mes cuvées au point de les affubler à l'avenir de noms ronflants à consonnace caillouteuse...
On Allemagne, cela serait d'ailleurs dangereux entre-temps: il y a des vignerons, qui se sont fait patenter les noms comme "du schiste", "du porphir" ou autres "grès" et sont en trains de tirer des confrères, qui cultivent sur les mêmes sous-sols et mettent aussi son nom sur l'étiquette devant la justice..
Bon, tout cela,ne pas pour vous ammener encore une fois un vin de Lisson dans un vendredi du vin, mais simplement pour illustrer, que le sujet m'occupe - que cela soit par rapport au terme si en vogue du terroir, ou par rapport au thème de ce vendredi, la minéralité.
Pour moi, point de rélation simple et directe entre le sous-sol et les saveurs, qu'on retrouve dans le vin. Je pense, que le processus à l'intérieur de la plante est beaucoup trop complèxe, pour qu'on puisse en être sur.
Climat, exposition, mode de conduite et culture, vinification - il y a tant de paramètres qui rentrent en jeu, que je me méfie de celui qui croit pouvoir décéler avec exactitude et à l'aveugle l'influence d'un seul de ces élements.
C'est donc la deuxième définition de Mathieu Turbide, qu'il nous a heureusement offerte, qui a retenu mon attention et qui va m'aider à me sortir de l'affaire:
la présence du vin en bouche, qui donne l'impression d'un vin tranchant, effilé, ni trop lourd ni trop léger
Et cette définition, pour moi, c'est ma madeleine de Proust, le souvenir des Rieslings Allemands, que j'ai gardé en mémoire depuis que j'ai quitté mon pays - et une qualité, que je n'ai rarement retrouvé dans des Riesling en France, donc les vins blancs d'Alsace - même si mes lecteurs réguliers savent, à quel point j'adore les vins de Schueller, Frick et quelques autres vignerons de cette région.
Et les liens tissés par la blogosphère m'ont permis, de retrouver des vins, qui correspondent exactement à cela chez un vigneron bio de la Moselle:
Harald Steffens du domaine Steffens-Kess à Reil au bord de la Moselle, qui cultive 10 ha de Riesling en vignes de vrais coteaux - rien que de regarder ses vidéos publiés sur le blog du domaine, où il nous ammène labourer ou prétailler ses vignes, vous fout le vertige!
J'avais commandé une douzaine de bouteilles dans sa boutique on ligne avec en plus la douce surprise, que cela m'a couté que 11 € de port pour la France - conditions impensable ne serait ce que pour envoyer une seule bouteille dans le sens envers de Lisson! J'aurais payé le même prix pour 21 bouteilles, comme j'ai vu entre temps, quand je vois le prix que me demandent mes ransporteurs ou la Poste, un miracle...
Mais c'est un à côté - l'important c'est l'immense plaisir que m'a procuré depuis chaque bouteille ouverte: du plus simple Kabinet en passant par les Spätlese et arrivé à la Auslese, comme celle, que vous présente aujourd'hui:
La Reiler Goldlay Auslese 2007 - Goldlay, c'est le terroir, la Lage, comme on dit en Allemand - du schiste, comme il se doit ici, mais transformé par des générations de vignerons au pic à des sols cultivés, qui drainent bien l'eau et stockent la chaleur sur les pentes. Goldlay veut bien dire en patois locale: Roque D'Or - et dorée sont les reflèts du vin dans le verre, qui à su emmagaziner tout le soleil de son coteaux, transformé en un vin aux arômes franche, fruités et florales à la fois. No, point de pétrôle à mon nez... mais en bouche exactement cette l'impression d'un vin tranchant, effilé, ni trop lourd ni trop léger, un équilibre parfait entre acidité et fruité, enrobé des saveurs de pommes et pêches légèrements citronnées, comme l'a défini Mathieu!
Pour moi, c'est cela, ma définition de minéralité dans les Riesling Allemands - cet équilibre en bouche, qui donne envie d'en boire et reboire (presque sans modération - attention: danger!) Les vins de Steffens sont toujours vinifiés en sec "trocken", même les Auslese - ils s'accordent à merveille à toute une panoplie de plâts, comme aux entrées et même à des fromages à pâte cuite bien affinés, parce que là, leur richesse en gycérine ensemble avec cette touche saline les rends des vrais partenaires, qui s'hamonisent en bouche sans écraser ni être écrasés.
Vous le sentez déjà - pour moi, ce sont eux, mes vrais vins de soif: á votre santé!