La saison 3 de La Défense Lincoln, inspirée des romans de Michael Connelly, nous ramène dans l'univers captivant de Mickey Haller, avocat charismatique de Los Angeles, interprété par Manuel Garcia-Rulfo. Dès les premiers épisodes, la série réaffirme son statut de drame judiciaire de qualité, avec ses intrigues haletantes, ses retournements de situation en salle d'audience et une tension qui maintient en haleine. Mais au-delà de cette façade de mystère et de suspense, la série montre des faiblesses, en particulier dans le développement de certains arcs narratifs, comme celui de la sobriété de Mickey, qui avaient pourtant apporté une dimension humaine et réaliste lors des saisons précédentes. Revenons en détail sur cette troisième saison, ses points forts, ses zones d'ombre, et les directions qu'elle pourrait emprunter pour la suite.
Manuel Garcia-Rulfo reprend son rôle de Mickey Haller avec une présence qui ne faiblit pas. Dans cette saison, l'avocat au Lincoln bleu continue de séduire le public par son charisme naturel, sa maîtrise des subtilités du droit et son habileté à naviguer dans un système judiciaire souvent impitoyable. Garcia-Rulfo réussit à approfondir encore plus le personnage, en équilibrant assurance et fragilité, un mariage de traits qui rendent Haller à la fois crédible et attachant. Son talent d'acteur, associé à un personnage écrit avec une finesse rare pour une série judiciaire, contribue à faire de La Défense Lincoln un drame captivant pour les amateurs de mystère. Le cadre reste également un atout pour la série. Les décors californiens ajoutent une texture visuelle unique, et l'esthétique de la série s'accorde bien avec la voiture emblématique de Mickey, une Lincoln Continental bleue qui, en quelque sorte, devient un personnage à part entière.
Ce détail renforce le ton iconique de la série, où chaque élément semble soigneusement pensé pour capturer l'essence du personnage principal. Cependant, là où la saison 3 déçoit, c'est dans le traitement de l'arc de la sobriété de Mickey. Introduit lors des premières saisons, cet aspect apportait une couche de profondeur et d'authenticité au personnage, touchant à une thématique de plus en plus présente dans les œuvres contemporaines : la lutte quotidienne pour rester sobre. Pourtant, cette dimension du personnage est presque totalement effacée dans la saison 3, mentionnée de manière anecdotique sans jamais devenir un enjeu significatif. La sobriété de Mickey, un thème secondaire mais crucial, offrait une représentation intéressante de la difficulté de maintenir l'équilibre dans un métier stressant, tout en abordant subtilement les sacrifices et les défis auxquels font face les personnes en rétablissement.
Au lieu de développer ce potentiel narratif, la saison se concentre davantage sur les intrigues judiciaires et les rebondissements sensationnels, délaissant la richesse de l'histoire personnelle de Haller. Cette négligence est d'autant plus regrettable que la série avait une chance de renforcer cette thématique en explorant davantage la relation entre Mickey et son associée Izzy Letts, qui partage également ce parcours de sobriété. Malheureusement, ce lien est seulement survolé, privant la série d'une dimension qui aurait pu la différencier des autres drames judiciaires. La saison 3 n'est pas dénuée de suspense ni d'intrigues bien ficelées. Le cas central, celui du meurtre de Gloria Dayton, plonge Mickey dans un dilemme moral : défendre un client potentiellement innocent tout en étant personnellement affecté par le décès de cette femme qu'il considérait comme une amie. Cette affaire, bien que solide, ne parvient toutefois pas à égaler la complexité et l'ambiguïté de celle de la saison précédente, où le personnage de Lisa Trammell, interprété par Lana Parilla, apportait une tension palpable et un doute constant sur sa culpabilité.
Le cas de Julian La Cosse, l'accusé principal de cette saison, manque de profondeur. Bien qu'il soit au cœur de l'intrigue, le personnage est peu développé, ce qui limite l'investissement émotionnel du spectateur. Contrairement à l'affaire de Trammell, où l'ambiguïté du personnage apportait un suspense constant, l'innocence de La Cosse semble presque acquise dès le départ, réduisant l'impact dramatique de son procès. Ce manque de nuance affecte également le parcours des personnages secondaires. Par exemple, Andrea Freeman (Yaya DaCosta), procureure charismatique introduite dans la saison précédente, se retrouve avec une intrigue secondaire fascinante mais sous-exploitée. Son personnage, pourtant prometteur, illustre bien le dilemme moral et la pression de son métier, mais l'attention de la série reste focalisée sur Haller, laissant Andrea dans l'ombre, tout comme d'autres personnages féminins qui peinent à trouver leur place.
Un autre point faible de cette saison est la gestion des personnages secondaires, en particulier les femmes de la série. Bien que le personnage de Lorna Crane (Becki Newton) apporte des moments de légèreté et d'humanité, son arc narratif sur son examen du barreau reste trop anecdotique. Sa dynamique avec le reste de l'équipe aurait mérité plus de développement, surtout que Becki Newton excelle dans les moments où son personnage oscille entre l'humour et le drame. La série sous-utilise également la relation entre Mickey et sa fille, Hayley. Dans cette saison, elle est impliquée dans un des cas de son père, ce qui aurait pu offrir une opportunité d'explorer leur relation sous un nouvel angle. Mais cet aspect est effleuré, comme si la série préférait se concentrer exclusivement sur les aventures de Mickey, au détriment de moments plus intimes et authentiques.
Malgré ces faiblesses, La Défense Lincoln reste une série agréable à regarder pour ceux qui apprécient les drames judiciaires. La mise en scène des scènes de procès est bien exécutée, permettant de suivre avec intérêt le déroulement des affaires. On retrouve ici un aspect classique de la série, où chaque détail et chaque réplique peuvent faire basculer un procès. Manuel Garcia-Rulfo excelle à retranscrire cette intensité et son engagement rend même les scènes les plus prévisibles captivantes. Toutefois, la saison peine parfois à faire confiance à son audience, répétant les points de l'intrigue et expliquant des détails évidents au lieu de laisser le spectateur interpréter par lui-même. Ce manque de subtilité peut devenir frustrant, surtout lorsque l'on enchaîne les épisodes, et on pourrait espérer que les scénaristes prennent davantage de risques dans les saisons à venir.
En fin de compte, la saison 3 de La Défense Lincoln reste un bon divertissement, mais elle n'atteint pas tout son potentiel. Les éléments de mystère et de suspense sont bien présents, et la performance de Manuel Garcia-Rulfo continue d'ancrer la série dans le paysage des drames judiciaires populaires. Cependant, les promesses narratives autour de la sobriété, de la complexité des personnages secondaires, et de la relation entre Mickey et son entourage ne sont pas pleinement tenues. La série se concentre presque exclusivement sur Mickey, sans vraiment explorer les histoires et les dilemmes des autres personnages, qui pourraient pourtant enrichir l'univers de La Défense Lincoln. Si la saison 4 voit le jour, je pense que les scénaristes devraient explorer davantage les arcs personnels de chaque personnage, et ne pas hésiter à investir dans des thèmes comme la sobriété et les relations interpersonnelles qui apporteraient plus de profondeur et d'humanité.
Note : 5/10. En bref, cette troisième saison reste un choix solide pour les amateurs de mystères judiciaires, mais elle aurait pu viser plus haut en matière de développement de personnages et de finesse narrative.
Disponible sur Netflix
Netflix n'a pas encore annoncé le renouvellement de La Défense Lincoln pour une saison 4 à l'heure où j'écris ces lignes. Si l'on croit les chiffres de visionnage, la saison 4 est assurée.