Cette fois voici un anniversaire en poésie avec un poème belge paru il y a cent ans en 1924 dans le recueil éponyme de Marcel Thiry : Toi qui pâlis au nom de Vancouver. L’auteur liégeois y évoquait un long voyage, celui qu’il fit en 1915, lorsqu’il s’engagea dans le corps expéditionnaire belge des autos-canons, rejoignant alors son frère, Oscar, en Russie.
Toi qui pâlis au nom de Vancouver,
Tu n’as pourtant fait qu’un banal voyage ;
Tu n’as pas vu la Croix du Sud, le vert
Des perroquets ni le soleil sauvage.
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Tu t’embarquas à bord de maint steamers,
Nul sous-marin ne t’a voulu naufrage ;
Sans grand éclat tu servis sous Stürmer,
Pour déserter tu fus toujours trop sage.
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Mais qu’il suffise à ton retour chagrin
D’avoir été ce soldat pérégrin
Sur les trottoirs des villes inconnues,
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Et, seul, un soir, dans un bar de Broadway,
D’avoir aimé les grâces Greenaway
D’une Allemande aux mains savamment nues.
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Marcel THIRY, Toi qui pâlis au nom de Vancouver, 1924, in Traversées, Anthologie poétique, Espace Nord, 2000
En novembre, en Belgique francophone, c’est l’opération Lisez-vous le Belge ?