Synopsis officiel: Bailey, 12 ans (Nykiya Adams), vit avec son père célibataire Bug (Barry Keoghan) et son frère Hunter (Jason Buda) dans un squat du nord du Kent. Bug n'a pas beaucoup de temps à consacrer à ses enfants et Bailey, qui approche de la puberté, cherche l'attention et l'aventure ailleurs. Lorsqu'elle rencontre d'un homme étrange (Franz Rogowski), son univers change d'horizon.
Passage au FNC: les 11 et 12 octobre 2024 - Sortie en salle au Québec: 8 novembre 2024 (MUBI) - Sortie en salle en France: janvier 2025.
Mon avis
À l'exception de son documentaire expérimental (2021) centré sur la pas si drôle de vie d'une vache laitière et sa très classique adaptation du roman d'Emily Brontë (Wuthering Heights, 2011), l'Écossaise Andrea Arnold s'est toujours attachée à dépeindre la quotidien de gens ordinaires, des jeunes femmes surtout, dans des milieux pas toujours reluisants. La modeste employée de compagnie de vidéosurveillance dans (2006), l'adolescente incandescente de (2009), la métisse désargentée de American Honey (2016); tous ces personnages portées par une quête de lumière et de grâce se débattent dans des univers sombres et malsains. Grâce à eux, c'est tout un pan des milieux ouvriers ou démunis de la société contemporaine, qu'elle soit anglaise ou américaine, qu'Arnold nous offre à voir, sans fard ni faux-semblants.
, sixième long métrage de la réalisatrice de la saison 2 de Big Little Lies, n'échappe pas à la règle. Bailey n'est pas heureuse auprès de ce père qui ne la comprend pas, trop occupé qu'il est à préparer son mariage avec sa petite amie un peu trop désinvolte. Bailey a aussi beaucoup de mal à accepter le comportement du mec qui vit avec sa mère (Jasmine Jobson), ignoble mâle alpha responsable d'actes répréhensibles envers ses enfants.
Arnold choisit alors de faire entrer dans son drame social un élément de fantastique qui n'est révélé que sur le tard. On n'est que moyennement surpris par ce virage, tant la cinéaste s'est employée par le passé à laisser la lumière, la chaleur même, infuser lentement ses récits véristes, sombres et implacables. Ici, sans pouvoir trop en dire, c'est sous la forme d'un oiseau aux grandes ailes et aux importants pouvoirs que le surnaturel surgit.
Plus radicale qu'à l'habitude, cette bascule vers l'onirisme n'est toutefois pas sans poser quelques problèmes puisqu'elle s'insère assez mal dans ce récit d'apprentissage trash, au demeurant foisonnant de références à la nature. Et si l'on peut rapprocher à cette métaphore sur la liberté des animaux d'être un peu trop convenue, on y retrouve toutefois l'importante dose de sensibilité qui se dégage du cinéma d'Arnold, palpable dans la très touchante scène finale, où l'on voit la jeune fille enfin apaisée.
Au chapitre de la mise en scène, soulignons la rythmique alerte, portée autant pas les incessants déplacements des protagonistes que par une trame musicale absolument épatante. Très bien dirigée, la jeune Nykiya Adams, qui obtient ici son premier grand rôle, domine de la tête (bien faite) et des (solides quoique frêles) épaules une distribution crédible et juste.