Alors que le simple effeuillage a été la norme pendant de nombreuses décennies, le vingtième siècle a vu l’apparition de nouvelles façons de dévoiler son corps de façon artistique et imaginative. On peut le faire avec humour, avec les capacités d’une véritable gymnaste ou avec des accessoires… Le strip-tease ne cesse de se réinventer.
Effeuillage
L’art de se déshabiller en musique existerait depuis la Grèce antique, sur scène et en comédie. Mais le strip-tease moderne est né à Paris, plus précisément au Moulin Rouge. Mona, adepte du Bal des quat’z'arts, ôte ses vêtements en musique, inaugurant là le retour d’un art que la pudeur avait fait tomber dans l’oubli. Depuis, le strip-tease s’est importé dans toute l’Europe et les Etats-Unis, inspirant bien des dérives des plus folles aux plus sensuelles. Après plusieurs décennies où le strip-tease semblait cantonné aux clubs malfamés et tripots, l’effeuillage revient aujourd’hui et se pratique aussi bien dans la chambre nuptiale que dans une chic discothèque.
Burlesque
Le vaudeville est bourgeois, le burlesque est populaire. Né au XIXe siècle dans les foires et les marchés, on y découvre aussi bien des pièces de théâtre que des spectacles de cirque, mais aussi et surtout, du divertissement pour adultes. Les hommes y admirent des femmes peu timides, prêtes à jouer de leur image érotique pour mieux détendre l’atmosphère. Pleins d’accessoires loufoques, qui vont des ballons aux boas de plume, en passant par les bijoux les plus excentriques, le strip burlesque devient véritablement un art érotique après la seconde guerre mondiale, avec ses icônes, comme Lili St Cyr ou Tempest Storm (lien vers les strip-teaseuses connues).
Aux Etats-Unis, il suscite une véritable folie qui provoque de nombreuses censures. A l’origine, sans doute, de la perte de la ferveur pour cette danse drolatique. Mais comme l’effeuillage, le burlesque est à nouveau l’objet de l’engouement de danseuses contemporaines, puisant dans cet art une inspiration sans cesse renouvelée.
Néo-burlesque
Inspiré par Dixie Evans, Lili St Cyr ou Sally Rand, le néo-burlesque naît dans les salles de spectacle américaines de Los Angeles et de New York. Plus particulièrement grâce à des danseuses comme Michelle Carr ou Ami Goodheart, le néo-burlesque, comme son prédécesseur, fait du strip-tease un véritable show esthétique, où danse et accessoires prennent beaucoup plus d’importance que le déshabillage. Ainsi en est-il de Dita Von Teese, qui a notamment contribué à faire connaître cet art oublié.
A l’origine également de la création de troupes dans le monde entier, le néo-burlesque a tout de son ancêtre : l’humour, l’érotisme et surtout, le style.
Lap dance
Un strip tellement simple qu’il conquiert de plus en plus de clubs. Une chaise, un spectateur, une danseuse. Les règles du jeu se fixent à l’avance : le client peut seulement voir ou également toucher, la danseuse a le droit, ou non, de toucher celui qu’elle doit satisfaire. Le tout se fait au sein du club ou dans une “champagne room”, pour un peu plus d’intimité. S’exécutant dans une danse lascive et très érotique, le lap dance a malheureusement contribué à donner mauvaise réputation au strip-tease, tant il reste lié, dans les mentalités, à une pratique vulgaire digne des prostituées. Né aux Etats-Unis (où certaines localités l’ont interdit), il a néanmoins vite conquis le Canada et le Royaume-Uni. Pour les patrons de clubs, le lap dance représente un excellent moyen de faire payer les danseuses et d’attirer les clients. Beaucoup de chances, donc, pour que le lap dance devienne de plus en plus populaire en France.
Pole dance
Une barre en fer, et l’imagination s’enflamme. La pole dance serait née dans les fêtes foraines, où les acrobates s’accrochaient à la barre pour exécuter des figures érotiques. Avec le développement du burlesque, les bars et clubs se fournissent et popularisent le concept. Mais il faut attendre les années 70 pour que le pole dance devienne l’une des références du strip-tease. Au point que nombre de professionnelles aujourd’hui sont d’ex-danseuses classiques, athlétiques et capables des figures les plus impressionnantes. Car la pole dance n’est pas seulement un strip : c’est un spectacle gracieux, sportif et acrobatique. Capable de rendre un spectateur aussi heureux qu’un enfant au cirque.
Go-go dancers
A New York, le Peppermint Lounge organise des soirées twist dans les années 60 où les filles se retrouvent souvent à danser sur les tables. Elles portaient alors des go-go boots à la mode, ce qui aurait donné l’origine du nom. Une autre version suppose que les premières go-go danseuses sont apparues au fameux Whisky a gogo, le célèbre club de Los Angeles.
Toujours est-il que ces drôles de strip-teaseuses ont conquis l’Europe et même l’Asie, plus particulièrement en Thaïlande, qui compte nombre de gogo clubs. La communauté homosexuelle a également masculinisé la pratique. Désormais, les émissions de divertissement, à la télévision, comptent également leurs danseurs sur plateformes, en cages ou en cube.
Fan dance
La danse des éventails existait déjà dans le flamenco espagnol ou dans la haute société coréenne. Mais elle n’avait pas le potentiel érotique de la danse inventée par Sally Rand. Une tenue plus que légère et deux grandes plumes d’autruche sont tout le matériel nécessaire. A la danseuse, ensuite, de susciter l’imagination et l’envie du spectateur, tout en réussissant à ne montrer que d’infimes parties de son corps. Aujourd’hui dépassé par d’autres formes de strip-tease, la danse aux plumes garde néanmoins beaucoup d’attrait et de mystère, notamment au sein de la communauté homosexuelle, où les spectacles de travestis munis de ces magnifiques accessoires fascinent encore les spectateurs.
Cancan
Dans une société aussi frivole que celle qui existait à Paris durant le XIXe siècle, le cabaret devient presque un lieu de pèlerinage. Le Chat noir, le Moulin rouge et les Folies Bergère sont autant de lieux où l’on invente une danse folle et dévoyée : le cancan. A l’origine en couple et créé par Céleste Mogador, danseuse du Bal Mabille, il semble que le cancan a vite été repris par la célèbre Nina Pattes en l’air, immortalisée par le peintre Toulouse-Lautrec. Le but : tournoyer, sauter, montrer ses jambes et surtout, sa culotte fendue. A mesure qu’il se professionnalise, le cancan devient une danse plus respectable, telle qu’on la connaît aujourd’hui : des danseuses en rang, jambes en l’air et culottes non fendues. Sans doute un peu trop provocateur pour l’époque.
Faris Sanhaji