Bad Hammer at Le Cessonnais in Saint-Brieuc, le 3 novembre 2024
NoPo et Noelle
BAD HAMMER au CESSONNAIS à Saint-Brieuc le 03/11/2024Nous voici de retour au bistrot du village de Cesson, comme se plait à le nommer Perrine la patronne, 5 jours tout juste après la soirée Faux Départ/Avale.
Arrivés (trop?) tôt, les volets ne sont pas encore levés ce qui ne change pas grand-chose, étant donné la purée de pois à l'extérieur depuis quelques jours.
Rebondissant sur notre commande de boisson chaude, Perrine se décide d'ailleurs à préparer un vin chaud, bonne idée! Mélangé à cette purée de pois, ça devrait épaissir un peu plus la brume dans nos cerveaux engourdis (ahaa!).
Les clients, plus connaisseurs que nous des habitudes locales, commencent à arriver vers 18h, fixés par leur horloge biologique pour l'abreuvage.
Lisa, la chanteuse de Bad Hammer, sagement assise avec un verre d'eau au sol, sent qu'il va falloir bouger... doucement.
Elle est seule, non pas qu'elle ait été plaquée, mais Johannes, son binôme, a dû rester en Allemagne car sa compagne était malade.
Ah oui, on ne vous a rien dit : les 2 groupes à l'affiche viennent de Berlin, et leur musique, à effet garanti, ne ressemble pas à de la poudre de Berlin Pinpin!
Longs cheveux noirs sur un chemisier blanc et pantalon noir, elle effectue les derniers réglages de son synthé, en faisant l'effort de nous expliquer, dans un français hésitant, la raison de sa seule présence.
Le groupe s'appelle BAD HAMMER mais on a donc droit qu'à Hammer! La vérité, vu que Lisa s'appelle Klinkhammer et Johannes Badzura... d'où Bad Hammer plutôt que Klinkzura (ou l'inverse)!
Ils débutent ensemble vers 2019 par un extented play de 5 titres, sortent un premier album " End of an Age " en 2022 et, en avril de cette année, parait un EP intitulé " Bad Hammer " comme les 3 coups qui ouvrent le rideau pour de bon.
Musicalement, pas de 'Hammer' ni de 'Bad' (qui sent bon le métal), le style caresse un soft rock tendance dream pop s'encanaillant parfois avec de l'électro-dance.
Le premier titre cajole d'emblée. 'Angel N°1', au titre évocateur, nous remémore Fleetwood Mac (qui entre dans les goûts de la chanteuse), à la drumming machine il est vrai, toutefois la mélodie glisse, merveilleusement tracée. Lisa (sans tétine contrairement à la petite Simpson), donne de sa douce voix, souvent filtrée. Un démarrage cocoon!
'Court of love' à la rythmique roulante, rappellerait plutôt la new-wave/dark-wave des eighties. Elle incite à un espèce de bercement, sans résistance, provoqué par une hypnose. La chanson, autant que les paroles fredonnées par un timbre voilé, baigne dans une ambiance langoureuse. Lisa joue parfois d'une main, étendant l'autre sur le côté avec grâce, tout en ondulant, yeux clos par moments. Un arrêt soudain, genre j'y arrive sans les mains... décollées des touches!
Sur le dernier EP, 'It's you' existe en version française 'C'est toi', que Lisa choisit d'interpréter après avoir fait appel à son pense-bête de Smartphone pour les paroles. Un nappe de synthé, ample, ouvre une voie royale à un riff de guitare affriolant.
La boite à rythmes, bombasse, invite au mouvement. L'accent de Lisa (qu'on analysa entre nous) attendrit le ton dans un premier temps avant que son chant ne chavire sur le refrain, tubesque!
Petit doute sur l'ordre ensuite, il m'a semblé entendre l'artiste annoncer 'Patients' mais la setlist classe 'River' avant. On sera patients... 'River' coule de la pure dream pop, mid-tempo, avec un entremêlement de synthé à bulles et de guitare striée alors que le chant, éthéré, s'évapore au dessus du paysage sonore.
La plage 'Patients' a déjà 5 ans et s'élève dans une atmosphère brumeuse au synthé. La rythmique fait grand bruit et la ligne de basse, synthétique et sautillante, retient l'attention. Lisa murmure, sans dénivelé, développant un sentiment mélancolique. Somme toute, le morceau, répétitif, opère de façon hypnotique.
'Ghost', plus lent, s'extrait du même extended play. Cette fois, la mélodie, triste, louvoie tranquillement, puis le chant monte dans l'espace. Parmi les influences, on devine New Order.
A cet instant (ou un autre, je ne suis plus très sûr), Hannah du combo suivant (Hot Couture, tous au premier rang pour encourager leur pote), vient, avec le sourire, prêter main forte à la guitare. On s'amuse avec Hannah/Lisa!
'Forever' ment, la guitariste quitte la chanteuse. Le titre complète le trio du même album. Le timbre de Lisa me fait parfois penser à Stevie Nicks. Le morceau se promène sur une onde tortueuse et paresseuse.
'Waves', qui ressemble à une nouvelle composition, décolle dans une mélancolie prenante, la voix partant très haut puis se reposant délicatement en alternance. L'interprétation, très intériorisée, sur un rythme lent, émeut naturellement et s'achève en vocalises aériennes puis une révérence, en guise de remerciements pour les applaudissements.
Un spectateur passionné s'entête à filmer la majorité du set sans la tête de Lisa, juste les mains sur le clavier. L'axe de ma vidéo, devant se frayer un chemin parallèle supérieur pour éviter la silhouette du réalisateur en herbe, Noëlle et Laurence se moquent, en me suggérant d'assembler les 2 tournages pour obtenir une image complète!
C'est malin!
Non 'Call me' n'appelle pas Blondie! Par contre, la ritournelle, chantée très haut par la brune, emporte, dès les premières notes, dans un ciel lacté. Les arpèges de guitare enregistrée, flottent sur la trame aux claviers, portée par une cadence au trot, ça suffit. Le final nous laisse pantois (moi aussi!) avec ce dernier titre totalement envoûtant!
On aurait aimé goûter à la complicité entre Johannes et Lisa mais cette dernière s'en sort très bien avec une capacité à diffuser discrètement un parfum sentimental accrocheur.