Mise à jour le 05/11/2024 par Angry Mum
Il y a un an, StreetPress se lançait dans un chantier titanesque : une cartographie interactive de l'extrême droite française. Mais attention, pas une petite carte des familles ; on parle ici d'un véritable Google Maps des groupuscules radicaux ! Avec un truc pareil, on est presque dans la géographie politique 2.0... et spoiler, c'est loin d'être joli.
La chasse aux radicaux : une enquête façon Netflix
Imaginez un peu : plus de 400 lanceurs d'alerte volontaires, des fouineurs discrets, des passants au bon endroit au bon moment, bref, de vrais détectives de terrain. Ces courageux enquêteurs amateurs ont balancé leur lot de pépites : récits d'agressions, petits secrets bien glauques, sources de financement douteuses et j'en passe. Une moisson d'infos, récoltée dans l'ombre, et qui a permis à StreetPress de nourrir plusieurs enquêtes.
Et au bout d'un an de collecte et d'investigation, la voilà, cette fameuse CartoFaf ! Une cartographie qui, sur fond de cynisme, déballe sans tabou le détail de 320 groupuscules ou sections actives en France. Oui, vous avez bien lu. Initialement, on estimait cette " armée de l'ombre " à une petite centaine de cellules. Mais non, l'inventaire a explosé, et le résultat donne un panorama hallucinant de l'extrême droite : du micro-groupe fâché au gang ultra-violent, en passant par l'activiste masqué, tout y est.
Vous naviguez, ils vous frappent (dans les deux sens du terme)
Grâce à CartoFaf, en un clic, vous pouvez explorer le petit monde du militantisme radical. Bien sûr, certains se contentent d'occuper le trottoir lors de manifestations, histoire de faire acte de présence. Mais d'autres vont plus loin, beaucoup plus loin. À mesure qu'on zoome sur la carte, c'est presque comme feuilleter un album des plus sordides exploits : agressions racistes, embuscades à la sortie des bars, marches " patriotiques " contre les centres d'accueil de migrants... On en prend plein la rétine, et pas que des belles couleurs de l'interface.
Derrière cette réalité graphique se cache une mission plus vaste : fournir une connaissance inédite de ces mouvements à ceux qui, sur le terrain, sont directement exposés à leurs actions. Comprendre l'ennemi ? Voilà une bien noble idée. Mais on ne peut s'empêcher de penser que tout ça ressemble un peu à un grand Who's Who du nationalisme extrême, accessible en ligne et mis à jour par les internautes eux-mêmes.
L'argent des lecteurs, le carburant des enquêteurs
Ce grand chantier a pu voir le jour grâce aux dons. Oui, chers lecteurs, c'est vous qui, l'an passé, avez financé ce reportage un peu dingue. Pas de pub ou de sponsors, juste plus de 6.000 donateurs, fatigués de lire des bribes sans jamais voir l'ampleur du phénomène. Ce soutien a permis à une poignée de journalistes acharnés de fouiller les coins sombres de l'extrême droite.
Alors, bien sûr, dans tout ce tableau, il y a une question qui plane : cette cartographie interactive, est-ce vraiment la réponse au problème ? Car derrière l'écran, l'extrême droite continue d'agir. Les agressions se multiplient, les actions de rue se radicalisent, et les discours de haine se propagent. CartoFaf est un miroir qui révèle une face du pays que l'on aimerait parfois oublier, un miroir d'autant plus glaçant qu'il est interactif, manipulable, consultable 24h/24.
La France en 320 points radicaux, et après ?
En jetant une lumière crue sur les racines de la violence idéologique, CartoFaf donne des armes de connaissance, certes, mais combien de lecteurs se sentiront concernés ? Combien oseront cliquer et explorer ce paysage du rejet et de la brutalité ? Ce travail titanesque appelle-t-il à la vigilance citoyenne, ou sommes-nous simplement en train de regarder, impuissants, la montée en puissance de ces petits soldats ?
Reste à voir si cet outil cartographique ne va pas devenir une simple curiosité morbide. Quant aux groupes identifiés, n'allez pas croire qu'ils sont au bout de leur course ; certains sont même prêts à se poser en martyrs de la " liberté d'expression ". CartoFaf est donc un œil numérique, un atlas dérangeant qui, espérons-le, incitera le public à la vigilance, et pas seulement au clic voyeur.
Alors oui, cette carte est plus qu'un rapport en PDF, c'est une radiographie live et documentée. Mais est-ce suffisant pour stopper le mouvement, pour ouvrir les yeux du plus grand nombre, ou simplement pour pointer du doigt ce qu'on sait déjà, sans grande surprise ? Le débat est ouvert.
Retrouver cartofaf : https://cartofaf.streetpress.com
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News