Des Poèmes de Nicole Brossard

Par Etcetera

Grâce au blog de Madame lit, qui accorde une place privilégiée à la littérature québécoise, j’ai eu envie de me procurer ce recueil poétique de Nicole Brossard, Temps réel du poème, paru en 2023 aux éditions du Castor Astral.
Je vous propose de retrouver ici l’article de Madame lit sur cette poète.

J’ai beaucoup admiré cette poésie qui allie profondeur de réflexions et finesse des sensations, corps et esprit, immédiateté et éternité. Chose rare, les propos sur le langage qui émaillent ces poèmes sont extrêmement émouvants et parlent à notre sensibilité. A un moment, la poète cite le nom de Derrida ou, plus loin, une phrase de Barthes et, dans la plupart des poèmes, l’arrière-plan théorique semble dense et conséquent mais, pour autant, le lecteur s’y retrouve tout à fait, quelles que soient ses connaissances préalables. Poésies savantes et cependant accessibles, à condition de laisser les mots agir sur nous.

Note biographique sur la poète

Nicole Brossard est née en 1943 à Montréal. Elle compte parmi les chefs de file d’une génération qui a renouvelé la poésie québécoise dans les années 70. Elle a publié une trentaine de livres dont Le Centre blanc (L’Hexagone), Le Sens apparent (Flammarion) et Musée de l’os et de l’eau (Cadex).
(Source : Editeur)

Quatrième de Couverture

Nicole Brossard est née à Montréal en 1943. Poète, romancière et essayiste, elle aime dire : « Il faut protéger les circuits du cœur et de l’intelligence. » Elle a reçu les prix les plus prestigieux au Canada et, en France, le prix Benjamin-Fondane.

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Choix de trois Poèmes

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la littérature est façon d’être
une manière de traduire je suis
toucher là où d’autres existent
à peu près partout nous sommes
avides de sensations
les images du corps nous quittent rarement
nous laissons des marques d’affection
partout de près ou de loin dans le vertige
du pas à pas l’éternité

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ETERNITE

toutes les formes d’éternité ont été
précisément inventées chaudes ou intenables
monologue ultime, soif intime
c’est à bout portant que l’éternité se loge
dans nos lits, épreuve orale
dans nos récits
l’éternité envahit la vie
la partie silencieuse du délire

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Page 122

on nous la chaparde un peu plus chaque jour
mais elle revient en douce
derrière la nuque effleurer
notre moelle fine de grande captation et d’univers,
l’âme dérobée

tout cela est simultané
j’utilise plusieurs temps de verbe
inquiète de savoir si un jour
nous parlerons de nos poumons universels
si d’un seul élan nous enjamberons
les grands deuils d’amour

une fois par jour
elle se déplace
jamais plus de quelques centimètres
l’âme encore affolée

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