Une illustration nouvelle des liens entre le « global » et le « local »...
Décryptage Relatio-Europe Par William PETITJEAN
Il paraît que, comme dit « Challenges » en analysant la fin du "French bashing" que « les Américains s'intéressent de plus près à la France dans tout un tas de domaines ». Et que les affaires doivent se développer entre la France et les USA. Peut-être, mais cette « décrispation franco-américaine » n'a pas encore beaucoup d'effets à Détroit, au siège de GM... Le constructeur américain qui possède 10 usines d'assemblage dans sept pays européens différents n'avait qu'un site en France, à Strasbourg. Il veut s'en débarrasser. En vendant usine et terrain. Avec cadres, employés, ouvriers ... si possible. Pourquoi ? Parce que c'est unité qui marche bien, donc peut apporter les liquidités qui font défaut au géant de l'automobile... Une délocalisation d'un nouveau type, en somme.
Ce sont les syndicats qui ont annoncé une nouvelle distillée par le P-DG de General Motors Strasbourg, Stephen Jenkins, lors d'une réunion plénière du comité d'entreprise qui s'est tenue ce vendredi en milieu de journée
Cette nouvelle a été confirmée par une porte-parole de GM France pressée de questions : «Un comité d'entreprise a été réuni» aujourd'hui et «l'ensemble des salariés ont été informés du fait que GM voulait mener une étude stratégique» sur le site de Strasbourg, a déclaré la porte-parole, tout en soulignant qu'«aucune décision» n'avait été encore prise. «Toute évolution de ce dossier va faire l'objet d'une information très régulière» avec des réunions du comité d'entreprise...
«C'est scandaleux, honteux, c'est un véritable coup de massue», a protesté un délégué syndical CGT sur le site de Strasbourg. «On nous demande de tout accepter, les licenciements, les cadences, la flexibilité en nous disant qu'on est sauvés et voilà ce qu'on nous annonce»
« GM Corporation a besoin de liquidités. Or notre entreprise a de la valeur car elle rapporte énormément d'argent », explique un délégué de la CFDT (majoritaire sur le site)
Un espoir (maigre) : «Le souhait de GM, au travers d'acheteurs, serait de continuer l'activité du site avec les fournisseurs, les clients et les employés actuels », a précisé la porte parole de GM-France... sans rassurer quiconque...
>>> GM avait déjà annoncé début 2008 son intention de procéder à une évaluation globale de ses actifs avec pour objectif la vente éventuelle de certains d'entre eux. Or ces cessions d'actifs à Strasbourg pourraient générer de 2 à 4 milliards de dollars de liquidités.
Cela n'est pas négligeable pour ce groupe qui a annoncé en juillet un plan d'économies en interne de 10 milliards de dollars, a annoncé début août qu'il prévoyait de dépenser 900 millions de dollars ces prochaines années au titre de la réduction prévue de ses capacités nord-américaine, évalue par ailleurs à 300 millions de dollars le coût du programme de départs volontaires proposé cette année à ses cols blancs, afin d'en réduire les effectifs de 20%.
Quasiment tous les sites européens de GM ont déjà touchés par les suppressions d'emplois, la Belgique (1 300 postes), l'Allemagne (930 postes) et l'Espagne (900 postes) en tête. Aux Etats-Unis, un guichet de départs volontaires a été ouvert le 12 février, portant sur potentiellement 74 000 salariés dans le monde entier
>>>En restructuration depuis fin 2005, GM a multiplié les initiatives depuis juin, entre fermetures de sites dédiés à la production de 4x4, changements à marche forcée dans la production pour gonfler les volumes de modèles compacts et économes en carburant, vente de certaines marques comme Hummer (véhicules lourds). « Vendre une usine »,pourquoi pas dans cette optique là
>>> Les effets des toutes ces restructurations sont en partie limés par la chute des ses ventes (notamment aux USA) La multinationale a enregistré au deuxième trimestre 2008 une perte record de 15,5 milliards de dollars après 3,25 milliards de dollars au premier trimestre.
>>> Sur le site strasbourgeois, GM avait déjà lancé en début d'année et finalisé en juin un « plan social » qui s'est traduit par le départ de 168 salariés et une hausse de la productivité dans la même unité. Celle-ci dispose d'un bureau d'études et produit 1.500 transmissions par jour pour des clients comme BMW et Cadillac. Elle a produit plus de 336.000 boîtes de vitesses automatiques en 2007.Et elle pense atteindre un résultat opérationnel de 20 millions d'euros en fin d'année.
>>> En dépit de la crise géorgienne et des risques d'une détérioration des relations commerciales et économiques entre « l'Oust » et la Russie (que l'on veut minimiser au siège de GM Europe), Général Motors mise toujours sur le développement de ses ventes et activités en Europe orientale et en Russie pour compenser ses pertes sur ses marchés traditionnels. Le président de GM Europe, Carl-Peter Forster, a affirmé que la croissance actuelle des ventes dans cette région - près de 30 pour cent - pourrait modérer, mais que GM pouvait néanmoins s'attendre à des augmentations annuelles d'au moins 10 à 15 pour cent. L'année dernière, GM a vendu 523 000 véhicules en Russie, dans l'ancienne Union soviétique et en Europe « de l'Est ». Au cours du premier trimestre GM a augmenté ses parts de marché de près de 3 % pour GM en Russie, ainsi ses ventes en volume de 78 % par rapport à l'année précédente sur la même période. Les ventes de Chevrolet, Opel et Saab en Russie ont enregistré respectivement une hausse de 60 %, 150 % et 75 %.
Actuellement, la demande totale pour cette région est d'environ quatre millions de véhicules, et elle pourrait augmenter à entre cinq et six millions au cours des trois à cinq prochaines années, croit le président de GM Europe. GM doit ouvrir cette année une troisième usine d'assemblage à Saint-Pétersbourg, en Russie.
Ce développement à l'Est exige des « sacrifices » à l'Ouest... A Strasbourg, se prépare un « sacrifice » qui rapporte...
Autant d'éléments qui n'incitent guère à l'optimisme. Ni chez les 1260 salariés et leurs familles, ni pour l'économie locale et régionale. Que ce « coup de massue » ne nous assomme pas, mais réveille l'Alsace ! Qui disait que le local et le global étaient de plus en plus liés ?
William PETITJEAN
Le commentaire de Daniel RIOT
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