C’est le bon mot de Ségolène Royal hier dans la Nouvelle République, une pépite d’humour involontaire dans une interview aussi exclusive que langue de bois. Dans le peloton socialiste, tout le monde roule pourtant pour quelqu’un. Les gregarios portent les bidons pour des leaders plus ou moins affirmés, plus ou moins putatifs. Certains chefs de file aspirent même à se ranger sous la bannière d’un gagneur potentiel, histoire de se reposer bien à l’abri au sein de l’échappée présumée victorieuse pour finir en bonne place et à bon poste.
Dans ce drôle de barnum, chacun vient faire son tour de piste et tenter d’attraper le bon wagon. La Rochelle est ainsi une étape de grandes platitudes verbales, un gros sprint intermédiaire où l’on vient faire une apparition, le temps de montrer son maillot du moment et de mettre le nez à la fenêtre des caméras. Un sprint à bonifications médiatiques.
Bien évidemment, tout le monde roule pour soi-même, chacun à son niveau. Et il n’échappera à personne que Royal ne roule pour personne d’autre qu’elle-même. D’autant plus que, comme pour le millésime 2008 du Tour de France, il n’y a pas de patron ! S’agit même d’en désigner un(e) et c’est bien ça qui fait problème. On ne compte plus les cassures au sein du peloton socialiste mais peut-être déjà quelques lâchés dont un Fabius esseulé et un mystérieux Hollande en roue libre. Reims est loin et 2012 encore plus inaccessible…
PS (!) : D’excellents croquis d’ambiance sont à lire sur le blog Puzzle socialliste.