De retour à la Cigale après une longue pénitence, Einstürzende Neubauten a fière allure avec son leader Blixa Bargeld en Monsieur Loyal décadent, paillettes sur paupières et baderne au vent, Ses fidèles grognards ne sont pas en reste : Jochen Arbeit qui passe le set assis tire des sons irréels de sa guitare, Alexander Hacke, les jambes en V est arc-bouté sur sa basse comme Dee Dee et bien sûr l'inamovible N.U Unruh encore et toujours dévolu aux percussions et fidèle au patron. Derrière ça martèle et les ustensiles industriels sont de sortie. Solo de caddie, turbines en folie, slinky jouant le rôle de Theremin, assemblages de tubes et d'ondes dignes d'une expo surréaliste à Beaubourg, riffs de perceuse, on en jette encore ?
Dans un set extrêmement généreux de 18 titres en près de 2 heures et deux rappels, les précurseurs métallurgistes berlinois revisitent essentiellement leurs tout derniers albums et notamment Alles In Allem qui pour cause de COVID n'avait pu être défendu - très belle interprétation sobre et touchante du morceau-titre qui déférence oblige et break dans le turmoil, semble moins ambiancer. Qu'à cela ne tienne, le morceau est superbe.
Sinon, une part belle est faite à Rampen... l'excellent Double Yellow en date d'où émergent le fabuleux "Gesundbrunnen", "Besser isses", le très bel hommage au fils transgenre de Blixa ("Seven screws" présent sur l'album précédent) ainsi que "Grazer Damm" ou " Ten grand goldie". Au sujet duquel un Blixa hilare nous apprend que le "Berlin Berlin" que l'on entend dans la chanson n'est rien d'autre qu'une assonance touareg qu'il a samplée...et n'ayant rien à voir avec Berlin !Il sera également question pèle-mêle d'un duo avorté avec....Patricia Kaas, d'un festival à Vancouver avec...Youssou Ndour et de bien d'autres anecdotes savoureuses.
Après une crise d'inspiration consécutive au départ de son leader des Bad Seeds, Einstürzende Neubauten nous revient en forme étincelante et au sein d'une Cigale surchaufée fait largement le métier.
Wunderbach.