Harold et le Crayon Magique // De Carlos Saldanha. Avec Zachary Levi, Lil Rel Howery et Zooey Deschanel.
Emmener les enfants au cinéma est un plaisir, surtout lorsqu'ils ont la liberté de choisir le film. Cependant, leur enthousiasme peut parfois conduire à une expérience cinématographique décevante, comme ce fut le cas avec Harold et le Crayon Magique. Adapté d'un classique de la littérature jeunesse américaine, ce film animé semblait prometteur avec son idée de départ originale : un personnage capable de créer tout ce qu'il imagine grâce à un crayon magique. Pourtant, malgré ce potentiel, le film s'avère une déception pour quiconque n'appartient pas à la toute jeune audience pour laquelle il semble exclusivement conçu. Le film suit Harold, un héros de bande dessinée qui décide d'explorer le monde réel, dans l'espoir de rencontrer son créateur. Accompagné de ses fidèles compagnons, un porc-épic et un élan transformés en humains, Harold franchit la frontière entre son univers dessiné et la planète Terre.
Quand il est un personnage de son livre, le téméraire Harold peut donner vie à tout ce qu'il souhaite d'un simple trait de son crayon violet magique. Une fois adulte, Harold décide de se dessiner hors de son livre et de se projeter dans le monde réel, où il découvre qu'il a tant à apprendre sur la vie et notre monde. De plus, son fidèle crayon violet pourrait déclencher des situations bien plus cocasses qu'il ne l'aurait imaginé. Lorsque son crayon magique et les pouvoirs illimités qu'il contient, tombent entre de mauvaises mains, il faudra toute la créativité d'Harold et de ses amis pour sauver à la fois son monde et le monde réel.
Là, tout ce qu'il dessine prend vie, une idée qui aurait pu ouvrir la voie à une multitude de possibilités narratives et visuelles. Malheureusement, l'intrigue reste désespérément simple et linéaire, enchaînant les situations prévisibles sans jamais réussir à captiver. Les interactions entre les personnages et les situations dans lesquelles ils se retrouvent manquent cruellement d'originalité. Les gags, déjà vus et revus, s'enchaînent sans grande inventivité. Au lieu d'exploiter le potentiel de ce crayon magique pour développer une aventure fascinante, le film se contente de scènes simplistes où Harold dessine quelques éléments pour impressionner les enfants qui l'entourent ou semer la pagaille dans un supermarché. La magie de la création reste ainsi confinée à des situations banales, bien loin du potentiel onirique que le concept pouvait inspirer. Un autre point faible du film réside dans ses personnages, qui manquent cruellement de profondeur et se réduisent à des archétypes sans saveur.
La mère veuve bienveillante, l'enfant à l'ami imaginaire, le romancier raté... chaque personnage semble tiré d'un catalogue de clichés. Ce romancier, d'ailleurs, devient le principal antagoniste, obsédé par le crayon d'Harold qu'il convoite pour donner vie à l'univers héroïque qu'il imagine dans ses romans, mais dont personne ne veut. Là encore, ce schéma narratif manque de finesse et ne fait que renforcer l'impression de déjà-vu. La quête d'Harold pour rencontrer son créateur aurait pu être l'occasion d'une exploration plus profonde des relations et de l'identité. Hélas, les interactions entre les personnages sont souvent trop superficielles pour susciter un réel attachement. Les relations se développent de manière mécanique, sans susciter d'émotion ou de surprise, et chaque étape de l'histoire semble suivre une route balisée vers une fin déjà connue. Derrière la caméra, Carlos Saldanha, réalisateur de succès comme L'Âge de glace et Rio, semblait être le choix idéal pour insuffler une touche de magie et de rythme au film.
Pourtant, la mise en scène reste tristement plate et n'apporte pas l'originalité visuelle que l'on pourrait espérer d'un film où le héros possède un crayon magique. Les décors, bien qu'agréables, manquent de personnalité et de profondeur. Les scènes sont exécutées sans éclat, et l'animation, bien que soignée, ne parvient pas à transcender la simplicité du scénario. Les performances des acteurs, notamment celles de Zooey Deschanel et Zachary Levi, ne parviennent pas non plus à relever le niveau. Zooey Deschanel, bien connue pour son rôle dans New Girl, ne trouve ici aucun moyen de briller, tandis que Zachary Levi semble se contenter d'un jeu d'acteur qui rappelle les rôles comiques d'Adam Sandler, mais sans la même touche personnelle. L'interprétation des acteurs manque donc de profondeur et d'originalité, contribuant à renforcer l'impression générale de banalité.
Harold et le Crayon Magique avait tous les ingrédients pour devenir un divertissement familial imaginatif et émouvant. Le concept d'un héros capable de créer ce qu'il souhaite avec son crayon violet aurait dû être l'occasion de plonger le public dans un monde fantastique et inventif. Mais au lieu de cela, le film s'enlise dans une série de gags convenus et d'aventures sans éclat. Ce manque d'audace et de créativité rend le film fastidieux, et son excès de bons sentiments le fait sombrer dans une mièvrerie qui en devient presque indigeste. En fin de compte, Harold et le Crayon Magique est un film rapidement oubliable, qui aurait sans doute mieux trouvé sa place dans les tréfonds du catalogue de Netflix. Ce n'est ni une catastrophe, ni un chef-d'œuvre, mais simplement une œuvre paresseuse qui semble avoir été faite sans réelle passion ni ambition. Pour les amateurs de films familiaux qui cherchent à la fois à s'évader et à être surpris, ce film risque de ne pas combler leurs attentes.
Pour les jeunes enfants, cependant, l'aspect visuel coloré et les situations simplistes pourraient offrir un moment de divertissement. Mais pour un public plus exigeant, ce voyage dans le monde réel avec Harold et son crayon magique manque de cette étincelle qui aurait pu en faire une œuvre vraiment marquante.
Note : 2/10. En bref, dommage de faire un film aussi fade et insipide alors que l'univers coloré du roman pouvait délivrer quelque chose de vraiment plaisant à l'écran. Les jeunes enfants seront probablement séduits, pour les adultes qui les accompagnent cela risque d'être un enfer.
Sorti le 16 octobre 2024 au cinéma