L'innovation en deux ou trois préceptes

Publié le 01 novembre 2024 par Patriceb @cestpasmonidee
Devenu gourou de l'innovation à l'occasion de son passage à la présidence de Tesla, Jon McNeill révélait récemment ses principales recettes lors d'une intervention au World Business Forum. Son discours n'apporte rien de très original… mais les évidences valent toujours d'être rappelées… surtout en cette période de rationalisation.
Précisons d'emblée que, si le propos s'adresse en priorité à ceux qui visent l'innovation de rupture et pas seulement des améliorations incrémentales sur un existant, les préceptes proposés sont applicables dans tous les cas, tout au plus à des échelles éventuellement différentes. À l'exception du premier, qui se résume ainsi : commencez par identifier (formellement) le problème que vous souhaitez résoudre et fixez-vous alors des objectifs très ambitieux. Les seules limites acceptables a priori sont la réglementation et les lois de la physique, tout le reste peut être remis en question.
La deuxième grande recommandation est parfaitement classique. Une citation d'Antoine de St Exupéry (qui l'envisageait dans un contexte d'ingénierie aéronautique) en fournit la teneur : « la perfection est atteinte non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer ». Autrement exprimé, la recherche de la simplicité, dans toutes ses dimensions, est la clé d'une transformation réussie. Jon McNeill se « contente » ensuite de décrire quelques méthodes possibles afin de parvenir dans les meilleures conditions à cette cible… souvent perçue comme contre-intuitive.
Il s'agit avant tout de ne conserver que ce qui sert le client, ce qui souligne au passage un facteur essentiel préalable : le plus important, dès le démarrage, est de se focaliser sur le futur utilisateur, de se mettre concrètement à sa place lorsqu'il a le produit entre les mains – et ce devrait être vrai pour tous les membres de l'équipe de conception – et d'adopter une perspective globale sur son expérience (l'exemple de la prise en considération intégrale des exigences de recharge des voitures électriques illustre parfaitement la différence d'approche… et de succès entre Tesla et General Motors).
Deux idées spécifiques complètent le tableau. D'une part, il peut s'avérer nécessaire de revenir aux basiques – par exemple reprendre un processus à partir de zéro, « à la main » – dans le but de comprendre des égarements passés ou, à tout le moins, de s'assurer que seul l'indispensable est maintenu. Dans un second temps, une tentative d'accélération constitue un excellent moyen de détecter les faiblesses et les frictions qui subsistent… et qui doivent encore être éliminées. Ce n'est qu'après ces étapes analytiques humaines que l'automatisation peut être engagée à plein régime.
Ces conseils ne suffiront pas à faire de n'importe qui un créateur de génie, mais ils permettront à ceux qui se lancent dans l'aventure d'éviter quelques erreurs élémentaires, en particulier dans la phase d'exécution… qui est bien, contrairement à ce qu'on imagine souvent, la plus difficile et la plus exigeante d'une démarche d'innovation.