Dosette de lecture n°129 : Aragon : « Aurélien ». Lorsque Racine « chante dans la vie » d’un rescapé de la guerre de 14

Publié le 31 octobre 2024 par Sheumas

Quelles blessures un jeune homme qui a connu à 18 ans l'enfer des tranchées porte-t-il en lui lorsqu'il revient à la vie parisienne et légère des années 20 ? C'est dans un Paris de la galanterie et du dilettantisme où l'art et l'ennui tiennent une grande place que le héros désabusé de ce roman rencontre une femme mariée, Bérénice Morel. Son charme étrange et inattendu finit par le captiver. Elle porte le prénom de la Reine égyptienne qu'aime l'empereur Titus dans la pièce de Racine. Ce simple détail contribue à envelopper Aurélien dans la draperie d'une passion dévorante. De son côté, la jeune provinciale en séjour pour quelques semaines dans la capitale idéalise leur relation au point d'imposer une distance et un frein à l'urgence de leur désir.

Pendant plus de vingt ans, les deux amants ne se revoient pas et chacun vit sa vie de son côté, même si la mémoire subsiste ainsi que le récit hagiographique de leur rencontre à Paris. Lorsque la guerre de 40 arrive, le hasard les réunit enfin : comment le temps les a-t-il changés ? Que gardent-ils de leur passé ? Quel rapprochement l'épisode furtif des retrouvailles autorise-t-il encore ? " Vous êtes tout ce qui a jamais chanté dans ma vie " murmure Aurélien au moment où il constate que " cela le dérangeait, cela lui détruisait sa Bérénice, cela mesurait la distance qu'il y avait entre la poupée de sa mémoire et cette femme vivante "

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