Aujourd'hui, j'ai ouvert France Info, histoire de me donner ma dose quotidienne de pessimisme réaliste. Premier titre : " Les plateformes Temu et Shein représentent désormais 22 % des colis transportés par La Poste. " Autrement dit, le business du t-shirt à deux euros, fabriqué à l'autre bout de la planète dans des conditions douteuses, fait tourner nos services postaux plus que jamais.
Juste en dessous, un autre titre : " Torrents de boue, villages dévastés, voitures emportées... Des inondations historiques ravagent le sud-est de l'Espagne. " Voilà, la nature qui se venge. Nos voisins espagnols, eux, tentent de sauver leurs maisons et leur vie des torrents destructeurs que les étés caniculaires, les sécheresses et nos amies les émissions de CO₂ s'amusent à préparer chaque année. Pendant ce temps, nous autres, confortablement installés devant nos écrans, continuons de cliquer, acheter, recevoir.
Quand le clic devient la boussole de notre avenir
Les clics frénétiques sur Shein, Temu, Amazon et consorts sont la nouvelle devise mondiale. Un clic, un envoi, et tant pis pour la planète : on veut cette robe qu'on portera une fois, ce gadget qui finira au fond d'un tiroir. Ce qui est frappant, c'est que notre avenir est littéralement indexé sur notre capacité à consommer en ligne. Pas de clics ? Pas d'économie en marche, pas de nouvelles collections, pas de promos à -90 %...
Et que fait la nature dans tout ça ? Elle prend des notes, et elle réagit. Elle inonde, elle sèche, elle ravage. Peut-être un signe subtil ? Non, bien sûr, nous préférons faire comme si tout cela était une simple coïncidence, des " événements extrêmes " comme ils disent. Comme si, dans la logique de notre frénésie d'achats, ces catastrophes n'étaient pas des réponses directes aux montagnes de déchets et aux millions de tonnes de CO₂ produits pour transporter des millions de colis. Spoiler : si.
Une humanité qui persiste dans l'autodestruction
On peut dire qu'on sait se tirer dans le pied avec une grâce inégalée. Dans un monde qui pourrait littéralement s'effondrer sous nos clics compulsifs, que faisons-nous ? On clique encore plus. Pourquoi chercher des solutions quand on peut juste continuer ? Parce qu'après tout, " demain est un autre jour ". Ce sont des autres jours qu'on n'aura peut-être même pas, ou alors dans une version où la moitié de l' Europe est sous l'eau.
Les experts et politiques nous parlent d' écologie, nous prêchent la bonne parole du développement durable, et nous, entre deux chargements de pages Temu, on hoche poliment la tête. La planète nous supplie de ralentir, et nous, inlassablement, on cherche à accélérer. Au fond, ce qu'on cherche c'est quoi ? Plus de trucs, plus de distractions, plus d'achats. Parce que si on s'arrêtait vraiment, il faudrait regarder la réalité en face, et ça, c'est bien trop effrayant.
Vers une apocalypse en direct, livrée avec numéro de suivi
Imaginez le spectacle final : des villes inondées, des champs brûlés, des villages ensevelis sous la boue, le tout en 4K, comme on aime. Avec, en arrière-plan, des livreurs essoufflés, portant des colis Temu dans des zones sinistrées, histoire de ne pas laisser un client mécontent. Parce qu'en vérité, le monde pourrait s'effondrer qu'on ne pourrait toujours pas supporter de voir une livraison en retard.
Alors que nos dirigeants parlent de transition écologique, que les activistes tentent de nous secouer, nous continuons notre marathon de la consommation avec la même insouciance que le Titanic fonçant droit sur l'iceberg. Si ça se trouve, l'apocalypse viendra avec un email de confirmation d'envoi et un SMS de La Poste pour suivre la fin du monde en temps réel.
Peut-on encore espérer ?
Espérer quoi ? Qu'on se réveille ? Qu'on renonce aux livraisons express et aux promos flash pour sauver une nature exsangue ? Nos clics frénétiques ont pris le dessus sur toute logique. Nous avons troqué l'espoir d'un futur vivable contre une promo sur un pull qu'on portera deux fois avant qu'il se désintègre. Un avenir basé sur des achats impulsifs, une société qui dépend de la frénésie d'acquisition de biens produits dans des conditions délirantes. Comment espérer que les choses puissent s'arranger quand tout ce que nous faisons pour éviter la crise... l'accélère encore plus ?
En attendant, les inondations s'enchaînent, les catastrophes naturelles deviennent la norme, et nous, derrière nos écrans, continuons d'acheter comme si tout ça n'était qu'un écran de fumée.
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News