La série The Old Man suit l'histoire de Dan Chase, un ancien agent de la CIA contraint de reprendre du service pour se défendre contre des ennemis du passé. Après une première saison captivante qui combinait thriller et drame avec succès, la deuxième saison, composée de huit épisodes, offre une plongée plus introspective dans les personnages. Toutefois, en dépit de moments forts et de performances remarquables, cette saison peine à retrouver l'équilibre qui faisait la force de la première, se perdant parfois dans des intrigues secondaires qui diluent le propos initial. La présence de Jeff Bridges et John Lithgow est sans conteste l'un des points forts de la série. Dans cette saison, leur dynamique évolue : Dan Chase et Harold Harper unissent leurs forces pour sauver Emily, enlevée par son père biologique, le chef rebelle Faraz Hamzad. Cependant, là où la première saison exploitait parfaitement leur talent dans des scènes intenses et pleines de suspense, la saison 2 semble les reléguer en arrière-plan.
Les personnages passent de longs moments à discuter de questions identitaires et morales, et bien que ces échanges apportent un développement de caractère, ils laissent peu de place aux scènes d'action qui avaient rythmé la première saison. Les moments où Bridges peut exprimer les compétences mortelles de Dan Chase sont rares, et ces scènes, bien qu'efficaces, restent peu nombreuses. Lithgow, de son côté, est encore moins sollicité, ce qui est regrettable au vu de l'alchimie entre les deux acteurs et de leur importance pour l'histoire. L'intrigue principale de la saison repose sur la quête de Chase et Harper pour retrouver Emily, qui découvre ses véritables origines en Afghanistan. Si le personnage d'Emily, interprété par Alia Shawkat, prend une place centrale, ses actions et décisions paraissent parfois abruptes et peu crédibles. La scène où elle fait face à sa véritable histoire est certainement l'un des moments forts de la saison.
L'intensité de sa découverte, illustrée par une scène poignante dans laquelle des fragments de son enfance lui sont révélés, expose la profondeur émotionnelle d'Emily et la complexité de son identité. Malgré cela, l'évolution d'Emily semble incohérente à certains moments, alors que la série tente de souligner ses liens nouvellement tissés avec son père biologique et ses racines afghanes. On la voit se lier rapidement aux membres de sa nouvelle famille, ce qui, bien que touchant, laisse peu de temps pour un développement réaliste de ses émotions conflictuelles. Cette rapidité dans les sentiments d'appartenance d'Emily atténue l'impact que cette révélation aurait pu avoir, et l'on ressent un certain manque de cohérence dans son arc narratif. Là où The Old Man brillait par son suspense et son rythme dans la première saison, la deuxième prend un virage plus introspectif, avec un accent mis sur la politique afghane et les enjeux géopolitiques entourant le personnage de Hamzad.
Les conflits politiques entre Hamzad et les talibans ajoutent une dimension réaliste mais, dans le cadre d'un thriller centré sur des personnages, ces éléments apparaissent parfois comme des détours narratifs encombrants. Le choix de faire de l'Afghanistan et de ses tensions internes un point central de l'intrigue dilue le propos initial de la série, à savoir celui d'un homme traqué par ses propres démons et par les conséquences de ses actions passées. L'attention excessive portée à ces enjeux politiques, bien que bien intentionnée, ralentit le rythme de l'intrigue et laisse peu de place pour des moments de tension pure. Les thèmes explorés dans cette saison sont profonds et touchent à des problématiques universelles : la recherche de l'identité, les liens de parenté, et la confrontation à son passé. Chase, Harper et Hamzad sont tous confrontés à leurs rôles de père, cherchant chacun à définir ou redéfinir leur place dans la vie d'Emily.
Cependant, la manière dont ces thèmes sont abordés manque parfois de subtilité, avec des dialogues qui semblent trop " écrits " et des réflexions qui s'étirent sans réellement faire progresser l'histoire. Cette lourdeur narrative nuit à la fluidité de la série et à son dynamisme, et elle empêche les spectateurs de se laisser totalement emporter par l'histoire. On aurait pu espérer que la relation entre Chase et Harper, basée sur une méfiance mutuelle et une loyauté ambivalente, prenne une place plus prépondérante dans cette saison. Au lieu de cela, leurs interactions se limitent souvent à des discussions autour d'Emily, plutôt qu'à des moments d'action ou de stratégie qui avaient fait la force de leur duo dans la première saison. The Old Man a tenté de prendre des risques en enrichissant son univers et en élargissant son spectre thématique dans cette saison 2. Cependant, ce choix ambitieux a été fait au détriment de l'efficacité narrative et de la tension dramatique qui avaient fait le succès de la première saison.
En intégrant des éléments géopolitiques, la série semble s'éloigner de ce qui la rendait unique : un thriller psychologique qui explorait les répercussions personnelles de la vie d'espion. Alors que la série s'efforce de mettre en lumière des problématiques plus vastes, comme les conséquences de l'ingérence étrangère en Afghanistan ou la façon dont l'identité personnelle est influencée par la politique, elle perd en concision et en impact. Le rythme est inégal, et les spectateurs peuvent se sentir déconnectés de l'intensité et de l'urgence qui caractérisaient la première saison. En somme, la saison 2 de The Old Man est un mélange de bonnes intentions et de maladresses narratives. Si elle continue d'explorer des thématiques fortes, elle semble parfois oublier ce qui a fait son succès initial : un thriller intime et intense, porté par des personnages profonds et charismatiques. Les performances de Jeff Bridges, John Lithgow et Alia Shawkat restent solides et ajoutent du poids aux scènes de confrontation et d'introspection.
Cependant, l'intrigue secondaire autour des enjeux politiques afghans s'éparpille, et les dialogues, trop chargés, affaiblissent le rythme de la série. The Old Man a encore du potentiel, notamment grâce à la richesse de ses personnages principaux, mais il est essentiel que la série retrouve son équilibre entre drame et action pour que l'ensemble reste cohérent et engageant. En tentant de s'imposer comme un drame géopolitique, la série risque de perdre son public initial, venu pour des personnages attachants et des scènes de tension haletantes. La série a encore des cartes en main, mais il lui faudra recentrer son propos si elle souhaite retrouver l'éclat et l'efficacité de sa première saison.
Note : 4.5/10. En bref, une saison 2 ambitieuse mais déséquilibrée.
Prochainement en France