" Je rêve d'un jardin: pauvre, à peine entretenu, pas grand, cerné de murs, dans une rue qui monte. On y accède par cinq petites marches. On pousse une porte que j'ai bricolée avec du grillage, des bouts de bois, un restant de peinture bleue. Il y a une lanterne noire accrochée à une perche. L'été, j'allume une bougie pour les papillons. Contre le mur, au fond, à droite, j'ai construit une tonnelle avec des chevrons et des planches. Le toit est goudronné mais il faudra que je mette des tuiles quand j'en trouverai. Dedans, j'ai placé une table ovale et des chaises un peu tordues, un meuble bas récupéré dans une décharge, un vase blanc à long col et d'autres récipients en argile ou en verre. Au mur, contre la pierre, comme un tableau, j'ai fixé une fenêtre, une vraie fenêtre pour voir ce qu'on veut, pour désigner, peut-être, une sorte d'inaccessible, une autre parole, une autre image, la trace inventée d'un mot absent, quelque chose au-dedans d'éclairé qui se sépare de nous momentanément. La fenêtre des morts. Mon jardin est une dissonance faite d'objets et de plantes, de choses dénichées ici et partout, reprises, recomposées, sauvées de l'incertitude et de la fatigue où sont les gens. Ainsi, par quelques trouvailles ordinaires, on retrouve les accords élémentaires du monde et du ciel. On y voit tout le reste."Thierry Metz
“Un rien,
voilà ce que nous fûmes, sommes et
resterons, fleurissant :
la rose de Rien, la
rose de Personne.” Paul Celan
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ENEZ de Emmanuel Piton découvert chez KUB
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